Service de Presse
On appelle « service de presse » le travail de répartition et de distributions des billets que les administrations théâtrales offrent aux journaux les jours de premières représentations, de reprises et de débuts importants, pour que ceux-ci puissent rendre compte à leur guise des résultats de la soirée. Ce n’est pas là un travail facile dans une ville comme Paris, où le nombre des journaux de tout genre est si considérable, où quelques-uns se montrent fort exigeante à cet égard, et où même certains journaux étrangers ont des correspondants qui sont chargés de les informer de ce qui se passe dans nos théâtres. Or, comme les salles de spectacle ne sont pas élastiques, comme leur contenance est limitée, comme, d’autre part, le service de la presse est énorme, force est bien de le diviser. Aux journaux politiques quotidiens, aux grandes revues, à quelques feuilles importantes d’art et de littérature, sont réservées des places pour la première représentation ; et quelques-uns en absorbent un grand nombre, si l’on veut bien remarquer qu’il leur faut une loge pour le rédacteur en chef, une loge ou deux fauteuils pour le critique spécial, et des places pour le ou les reporters. Il est tel journal, comme le Figaro, par exemple, qui ne compte pas moins de vingt-deux places à lui seul, régulièrement, dans certains théâtres, aux jours de première représentation.
On conçoit donc que ce jour-là tout le monde ne puisse être servi. A la seconde représentation sont remis beaucoup de feuilles hebdomadaires, de journaux artistiques ou littéraires d’importances secondaires, et enfin on fait parfois encore un envoi pour la troisième représentation à certains petits journaux moins importants encore, d’une utilité problématique en ce qui concerne la publicité, mais envers qui l’on tient malgré tout à être courtois, les théâtres étant naturellement disposés à entretenir de bonne relations avec toute la presse.
Le service est envoyé d’ordinaire, la veille ou l’avant-veille de la représentation, non aux bureaux mêmes de chaque journal, où il pourrait s’égarer dans des mains infidèles, mais au domicile personnel de chacun des intéressés. Si par hasard un accident se produit le jour fixé pour la représentation, qui empêche celle-ci d’avoir lieu, les théâtres prennent généralement la précaution d’envoyer à chacun, aussi à domicile, un contre-ordre par le moyen de dépêches télégraphiques.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885
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