Ségalen (Victor)
Médecin, poète, archéologue, musicien, né à Brest en 1878, mort en 1919. Il devient médecin de la Marine et déjà attiré par la littérature, consacre sa thèse à « l’observation médicale chez les écrivains naturalistes ». En 1903, il a 25 ans, c’est la découverte éblouie de la Polynésie, même s’il passe les premiers mois de son séjour à soigner les rescapés du terrible cyclone qui vient de dévaster les îles. « Pendant deux ans, en Polynésie, j’ai mal dormi de joue (…) j’ai pensé avec jouissance. » Il commence les Immémoriaux, hymne à la civilisation maorie en voie de disparition. Après avoir visité la case abandonnée de Gauguin, mort peu de temps auparavant, et dépensé sa solde à acquérir dans une misérable vente aux enchères objets, manuscrits et tableaux de l’artiste, et il définitivement hanté par ce « hors-la-loi » qu’il met en scène dans le Maître du jouir. Excellent musicien, admirateur passionné de Débussy, ils travaillent ensemble à un projet d’opéra qui n’aboutira pas mais sera pour Segalen « une belle leçon d’art ». C’est en chine, cependant, que Segalen se révélera à lui-même, observant « une esthétique du divers » qu’il décrit comme « la connaissance de quelque chose qui n’est pas soi-même ». Après avoir appris le chinois, il se rend à Pékin en mars 1909. Avec son ami et mécène Gilbert de Voisins et leur caravane, il voyage au cœur de la Chine pendant plusieurs mois et rapporte testes et photographies. Briques et tuiles, Imaginaires, Fils du ciel, et surtout Stèles précéderont Peintures, Odes, René Leys. Mais il soigne aussi la peste en Mandchourie, est nommé médecin à l’Impérial Collège du Tien Tsin puis auprès de Yuan Tche Kaï. La guerre interrompt sa mission officielle Segalen-Voisins-Lartigue dans le Sichuan, dont le bilan archéologique est considérable. Attaché à l’hôpital de Brest, en 1915. Segalen reprend toutes ses œuvres. Nouvelle mission archéologique à Nankin en 1917. Le Tibet, qu’il n’a jamais pu rejoindre le hante et devient le symbole de cet « inaccessible qu’il a cherché toute sa vie. Épuisé, « neurasthénique aigu », il est retrouvé mort le 21 mai 1919 dans la forêt de Huelgoat, un volume de Shakespeare à la main.
Le généraliste Vendredi 19 novembre 1999.
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