Sardanapale
Opéra en trois actes et cinq tableaux, paroles de M. Henry Becque, musique de M. Victorin Joncières, représenté au Théâtre-Lyrique le 8 février 1867. Le livret a été tiré de la tragédie de lord Byron ; mais l’auteur s’est plus rapproché de la tradition que le poète anglais, qui fait mourir Sardanapale avec une seule de ses femmes Myrrha. Les premières scènes sont réellement belles. L’idée en est due au librettiste. Lorsque le rideau se lève, on voit conduire au supplice une jeune esclave, pauvre et intéressante victime que le grand prêtre, le cruel Bélèses, va immoler sur l’autel de Baal, Sardanapale arrive au même instant ; il voit cette victime humaine ; il est touché de sa grâce, de sa beauté. Il demande qu’on lui laisse la vie. Le fanatique Bélèses a beau revendiquer ses droits, Sardanapale enlève de ses mains la jeune Ionienne et l’emmène dans son palais. Le reste du poème ne se soutient pas à cette hauteur. En ce qui concerne la partition, le premier acte est le meilleur. Les récitatifs, écrits dans le style du grand opéra, sont d’une belle déclamation. L’entrée du cortège de Sardanapale, qui vient à propos interrompre les préparatifs d’un sacrifice humain et est originale et d’un heureux effet. Les couples du roi d’Assyrie se terminant en duo avec Myrrha sont gracieux. Ils rappellent toutefois la phrase : Fleur de beauté, fleur d’innocence, dans la Reine de Chypre. Le second acte est d’un ennui mortel. Au troisième, on remarque l’air du grand prêtre, dont la phrase principale est bien sombre et en situation. C’est le morceau le mieux orchestré de la partition. Ailleurs, on remarque des imitations de l’instrumentation wagnérienne, qui forment un contraste avec le ton général assez classique de l’œuvre. La couleur n’est pas en harmonie avec le dessin. Mlle Nilsson a été ravissante de grâce et de talent dans le rôle unique de femme ; Cazaux, excellent dans celui du grand prêtre ; Monjauze laissait beaucoup à désirer dans le personnage de Sardanapale. Lutz, Laurent, Legrand ont créé les autres rôles. La teinte uniforme du livret à une certaine vivacité d’inspiration dont nous avons cru saisir la trace çà et là dans sa partition. Il semble chercher sa voie. Nous croyons qu’il la trouvera en consentant à être résolument mélodiste.
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