Protection des souffleurs de verre utilisant du mercure

Les artistes et artisans d’art utilisent de nombreuses techniques, de nombreux produits chimiques. Souvent ils connaissent peu ou mal les risques de leur pratique sur la santé. La toxicité du mercure est connue depuis plusieurs centaines d’année, Ramazzini, médecin du XVII° siècle l’avait décrite dans son ouvrage « Les maladies du travail ».

Réponse

Une enquête menée en 1994 dans des entreprises de fabrication d’enseignes lumineuses fait le point sur le risque d’intoxication par le mercure. Le mercure est utilisé pour aviver les couleurs des tubes néons et pour faciliter la conduction électrique entre les deux électrodes. Il n’est pas fait état de possibilité de remplacer le mercure par une autre substance. Voici un résumé de cette enquête.
Dans une partie de l’atelier réservée à cette opération, l’ouvrier introduit une goutte de mercure dans le tube avant de le souder à une pompe à vide et de remplacer l’air par un mélange argon-néon. L’opérateur dispose d’une bouteille pouvant contenir 500 mg de mercure. L’évaluation de l’exposition est fondée sur des prélèvements d’atmosphère au poste, individuels, et des dosages de mercure urinaire. Les résultats montrent une bonne corrélation entre les prélèvements atmosphériques individuels et les dosages urinaires. Il existe dans cette étude une pollution atmosphérique par le mercure (non négligeable mais inférieur à la VME dans la plupart des cas), en particulier dans les ateliers mal ventilés et peu nettoyés (nombreuses billes de mercure sur le sol et les tables).
Les dosages de mercure dans les urines chez les travailleurs exposés au mercure inorganique doivent être interprétés selon l’échelle suivante : normal, < 5 microgramme/l ; signal d’alarme exigeant la révision des mesures de prévention, >50 microgramme/l ; excrétion excessive requérant l’écartement du poste du travail, >100 microgramme/l ; symptômes manifestes d’empoisonnement, >300 microgramme/l.

Des soins dentaires (amalgames) peuvent entraîner une augmentation transitoire de l’excrétion du mercure, de même que l’utilisation de médicaments à base de mercure (désinfectants locaux).
Il existe également une bonne corrélation entre le dosage de mercure dans le sang et les mesures atmosphériques. Chez les sujets non professionnellement exposés aux vapeurs de mercure et ne consommant pas régulièrement de poissons et/ou crustacés, la concentration du mercure dans le sang total est habituellement inférieure à 1 microgramme/100 ml. Chez les professionnels exposés aux vapeurs de mercure, le taux sanguin ne devrait pas dépasser 2 microgramme/100 ml. Il existe une bonne corrélation entre les taux de mercure urinaire et sanguin.

La surveillance médicale repose sur le dosage du mercure urinaire. Le guide Biotox précise la procédure de prélèvement. Des résultats élevés sont le reflet d’une prévention insuffisante ou mai comprise. Pour limiter le nombre de personnes exposées, il faut isoler les opérations mettant en œuvre le mercure du reste de l’atelier, en créant une espace clos. LA prévention collective doit passer par un nettoyage régulier des surfaces et sols (le mercure s’évapore à température ordinaire) en utilisant des pièges à mercure. Il faut éviter d’augmenter la ventilation de tout l’atelier, ce qui risquerait de favoriser la vaporisation du mercure, et mettre en place une aspiration à la source. La protection individuelle est indispensable dans les opérations dangereuses : gants et tenue de travail. Les vestiaires sont séparés du lieu de travail et différents pour les vêtements de travail et les vêtements civils afin d’éviter la contamination par des gouttelettes de mercure.
Annick doucet
Concours médical, tome 124-20 1373 25-05-2002

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