Nouvel accident de dénivelé chez un chanteur d'opéra, le baryton Jean-Philippe Lafont

Jean-Philippe Lafont se blesse lors d'une répétition dans Tosca

 

Le baryton Jean-Philippe Lafont s'est blessé lors d'une répétition générale de Tosca. Il a fait une chute de quelques marches à l'Opéra Bastille lors de cette répétition.
Admis aux urgences, le chanteur a écrit sur sa page facebook « le choc a été terrible, causé par un stupide concours de circonstance; nous sommes passés très, très près d'une catastrophe et d'un adieu ... »

D'après ce commentaire de l'artiste, on peut penser que l'accident aurait pu avoir des conséquences extrêmement graves, mais le chanteur s'est voulu rassurant auprès des personnes qui s'étaient inquiétées des conséquences de cet accident. Il ajoute dans sa page facebook : « Se retrouver à terre n'est point si grave, ne pas pouvoir se relever, triste, ne pas vouloir, critiquable...
Par votre inquiétude et tendresse si vraies, vous m'avez donné regain de force pour repartir... du bon pied (!) »

Sa participation à cet opéra qui devait débuter le 17 septembre 2016 est ainsi compromise. Jean-Philippe Lafont devait interpréter le rôle du sacristain, il sera remplacé par Francis Budziak.

Analyser les risques et les accidents à la base de la prévention

Tous les accidents, plus encore lorsque les conséquences auraient pu être particulièrement graves sur le plan humain, devraient faire l'objet d'une analyse interne systématique avec deux principes, ne pas se focaliser sur les responsabilités (celles-ci selon le cas doivent être recherchées dans un autre cadre), rechercher les causes favorisantes et déclenchantes de l'accident afin de réduire globalement l'accidentabilité, la reproduction de ces types d'accident. Les accidents de dénivelé sont fréquents le plus souvent dans des circonstances qui paraissent banales. Mais en matière de sécurité, rien ne doit être banalisé, ni attribué au hasard. Il existe des méthodes d'analyse qui sont très productives sur le plan de la prévention. L'analyse doit porter tout autant sur les facteurs matériels, environnementaux, organisationnels, psychologiques, médicaux, de management, de mise en scène, etc. Penser que la manière de traiter la sécurité des artistes peut nuire aux spectacles et aux artistes serait une erreur, car ce sont bien les artistes qui sont sur scène et mieux vaut qu'ils soient en sécurité pour donner toute l'expression de leur art.

Une note parue dans un site anglo-saxon « slippedisc », mentionne à propos de cet accident : "Contrairement aux artistes "vedettes" le chanteur ne sera pas rémunéré pour les répétitions auxquelles il a participé". Cela pose effectivement le problème du statut dans lequel le chanteur a réalisé ses répétitions et la notion d'accident du travail.
Un éclaircissement sur ce point serait utile, car d'évidence l'accident étant survenu en temps et lieu de la pratique, celui-ci doit faire l'objet d'une déclaration d'accident de travail.
D’autres statuts existent en dehors même du statut d’intermittent du spectacle, freelance, auto-entrepreneur, statut libéral, mais toutes les personnes concernées par la santé des artistes devraient militer pour que devant le risque, les maladies, les accidents, toutes les personnes quel que soit leur statut bénéficient d'une protection efficace sur le plan médico-légal, qui dépasse même la notion de statut et qui soit attachée à la personne elle-même.  

Le souhait de Médecine des arts est à plusieurs niveaux, le premier pour le chanteur Jean-Philippe Lafont et son rétablissement rapide, le deuxième sur la prise en compte du risque et ses conséquences sur le plan médico-légal, enfin sur une prévention proactive des risques en faveur des artistes et des techniciens du spectacle.
Notes rapides 20/09/2016


 

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