Névrose d’angoisse

Psychanalyse

Pseudo Névrose

Bien que l’angoisse soit la porte d’entrée de toutes les décompensations et que dans une certaine mesure l’angoisse à l’état pur ne peut persister indéfiniment sans s’élaborer d’une manière ou d’une autre, l’entité névrose d’angoisse ne subsiste que dans les esprits et plus encore dans les statistiques.
Elle apparaît aussi comme un fourre-tout de la pathologie indifférenciée dans laquelle la demande d’aide se fait au niveau du corps. Ainsi, il s’agit souvent d’un diagnostic d’élimination d’une maladie organique : si ce n’est pas un infarctus, c’est une névrose d’angoisse.
Il est cependant à remarquer que l’angoisse est le court-circuit psychosomatique le plus élémentaire et le plus aigu qui soit, bien que restant au niveau de modifications fonctionnelles. Ce trop plein est une virtualité toujours disponible même dans les structures névrotiques les plus élaborées ; il arrive toujours un moment où les défenses psychiques sont prises de court, les mécanismes de refoulement se trouvent débordés. Dans le cas de la névrose, après une brusque poussée anxieuse, tout progressivement rentre dans l’ordre avec le travail d’élaboration psychique qui se reconstitue.
Par contre, en l’absence d’espace psychique suffisant pour éponger un état de crise, l’angoisse persiste, rarement à l’état pur, elle s’aménage le plus souvent sous forme de troubles fonctionnels divers (Neurasthénie) et l’on peut dire à ce moment-là qu’il n’y a pas de volant névrotique suffisant et donc pas de névrose constituée.
Soit il s’agira d’impulsions inattendues très fortement chargées d’angoisse et le contexte pourra confirmer ou non une schizophrénie (cas rare).
Soit et ce sera le cas le plus fréquent, on se trouvera en face d’une demande affective intense, de fantasmes peu élaborés et crus et d’une angoisse existentielle. Il s’agit d’états psychiques peu structurés où l’absence de refoulement est caractéristique de l’absence de névrose sans qu’on puisse parler pour autant de psychose d’où la dénomination de « border line » ou états limites ;
Soit le contexte ne comportera qu’un investissement corporel associé à un fonctionnement opératoire (mécanisation de la pensée sans affect et sans fantasmes) de ce qu’on appelle « la structure psychosomatique » et dont on commence à défricher l’organisation.
Soit enfin, comme on l’a déjà soulignée, la bouffée d’angoisse peut être aussi le premier moment d’une émergence névrotique mal constituée mais en voie d’élaboration. D’om la nécessité d’une grande prudence dans le diagnostic d’exclusion de la névrose et le pari souvent gagné lorsqu’on mise sur l’apparition d’une ébauche névrotique suffisante pour modifier le pronostic. A condition de savoir se retenir de prescrire une psychanalyse et d’avoir une infinie patience.
J.P. Chartier


 

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