Münchhausen(Syndrome de) par procuration
Syndrome de Münchhausen par procuration
Le syndrome de Münchhausen (nommé aussi Munchausen) par procuration est un trouble rare se situant à la frontière des champs pédiatriques, psychiatriques et légaux. Les patients qui présentent ce trouble allèguent ou induisent délibérément et de façon persistante des symptômes physiques chez un autre sujet, dans le but de le faire passer pour malade. Dans la grande majorité des cas, l’auteur de ces comportements est une femme et la victime son propre enfant. Il s’agit donc d’une forme très particulière de sévices à enfant mettant en jeu systématiquement un tiers, médecin : celui-ci, conduit par le récit et les manipulations maternelles, produit une série d’investigations diagnostiques et d’interventions thérapeutiques inutiles et parfois dangereuses qui participent à l’aggravation des troubles de l’enfant. La méconnaissance encore importante de ce trouble par le corps médical, la confusion qu’il entraîne ainsi que les difficultés à le reconnaître sont à l’origine des difficultés de son dépistage. De ce retard ou de cette absence de diagnostic résultent sa fréquence sous-estimée et sa gravité potentielle. En effet, ces comportements pathologiques peuvent aboutir à la mort de l’enfant. Lorsqu’ils sont identifiés, ils entraînent une procédure judiciaire systématique.
L’historique chaotique du « syndrome de Munchausen et les diverses polémiques autour du nom reflètent ce que cette pathologie suscite de confusion, de stupéfaction, d’agressivité voire de fascination chez les médecins. Quand en 1977, le pédiatre anglais Roy Meadow décrit deux cas d’enfants souffrant de pathologies entièrement crées par leurs mères et isole cette entité, les désaccords resurgissent sur l’appellation du syndrome. Meadow propose d’abord le terme de « syndrome de Munchausen par procuration » par extension du syndrome de Munchausen, puisque l’on retrouve les notions de maladie factice et de manipulation des médecins, avec le terme « par procuration » (en anglais : « by proxy ») déjà connu des spécialistes en médecine vétérinaire quand une personne provoque des symptômes à son animal familier. La même année, Burman et Stevens arguant que l’enfant du baron de Münchhausen s’appelait Polle et serait décédé de façon suspecte, proposaient la dénomination : « syndrome de Polle ». Mais cela ne correspond pas à la réalité historique qu’est allé vérifier Meadow jusqu’en Bavière (le baron n’ayant probablement jamais eu d’enfant, l’enfant de sa seconde femme s’appelant Maria Wilhelmina et Polle étant simplement le nom d’une petite bourgade de Basse- Saxe) ! Lazoritz suggère quant à lui en 1987 l’utilisation de « syndrome de Meadow » pour souligner le fait que le baron n’ait jamais rendu un enfant malade, dénomination critiquée par les journaux médicaux. Enfin il y a de nombreuses autres propositions d’appellations inventoriées de façon exhaustive par Bhugra : parmi lesquelles nous citons : addiction médicale ou poly chirurgicale (Meninger), comportement feint (Snowdon), maladie artéfactuelle (Carney), addiction hospitalière (Baker), vagabondage hospitalier (Chapman), syndrome d’Ahaseurus (Wingate), désir d’être malade (Roth), et maladie auto-infligée (Byrne), Kopenikades, patient pérégrinant, maladie chronique factice, complexe de Médée(en relation avec le mythe de Médée, princesse magicienne épouse de Jason, chef des Argonautes qui l’abandonna et dont elle se vengea en égorgeant leurs enfants). Cette lourde énumération rend compte, là encore, de la multiplicité des points de vue et du trouble semé par ce type de pathologie. Au total il semble que l’appellation la plus couramment employée reste celle de « syndrome de Munchausen par procuration » (SMPP).
Stéphanie Dauver
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