Monsieur de Saint-Pern

Organo-Lyricon

Monsieur de Saint-Pern est l’inventeur de l’instrument nommé Organo-Lyricon, lequel réunit divers instruments à vent, associés avec un piano-forte. Le système total se présente, au premier aspect, sous la forme d’un très beau secrétaire à cylindre, en acajou, orné de bronzes dorés. Sa hauteur est d’environ deux mètres et demi ; sa largeur deux mètres, et sa profondeur un mètre et un tiers.

A l’ouverture du cylindre s’offrent deux claviers, dont chacun a ses fonctions. Tous deux se coordonnent avec les différents instruments à vent qu’ils font résonner ensemble ou séparément.

Le clavier inférieur est primitivement partie constituante d’un piano-forte ; mais, par un mécanisme très industrieux, il peut, sous les doigts de l’artiste et à son gré, par la variété de la dépression, faire entendre isolément ou le piano forte, ou tel jeu de flûte, ou de hautbois, on enfin mêler ensemble leurs voix réunies.
Une douzaine d’instruments à vent se trouvent rassemblés autour du piano-forte, et toujours prêts à converser avec lui, dès que le musicien les appelle. On y remarque trois espèces de flûtes, parmi lesquelles la traversière se distingue par sa belle qualité de son. On y reconnaît le hautbois, la clarinette, le basson, les cors, la trompette et le fifre. Les combinaisons de toutes ces voix offrent à un artiste habile des ressources fécondes. Au bas de l’instrument sont disposées quatorze pédales. A gauche, est le petit clavier de contrebasse, dont les touches se pressent avec le pied. Viennent ensuite les pédales correspondantes aux différents jeux qu’on veut substituer ou mêler l’un à l’autre.

Alternativement foulées par l’un et l’autre pied, elles amènent fidèlement sous le clavier toutes les voix dont le musicien a besoin pour réciter ses chants et en varier les expressions.

Le clavier supérieur est isolé du piano et n’a point d’action sur lui ; mais, ainsi que l’autre, il a une organisation si précise et si délicate que, par la seule différence de la pression, il fait parler à volonté ou la flûte traversière ou le hautbois, et produit des rinforzando par la réunion graduelle de plusieurs jeux qui semblent se fondre en un seul.

La correspondance entre les deux claviers est telle qu’ils peuvent à volonté agir ensemble ou séparément, et même partiellement. Ainsi, tandis que le clavier supérieur fait parler tous les instruments qui lui sont subordonnés, l’autre clavier a la même action sur eux ; de sorte que les deux mains, alternant sur les deux claviers, y trouvent aussitôt les sons les plus convenables aux chants et aux sentiments que l’artiste cherche à rendre ou à inspirer.

Malgré l’intensité de leurs fonctions, les touches des claviers ont une singulière souplesse, même dans le maximum de leur dépression ; bien différentes en cela des touches de grands orgues, dont la rudesse est connue des praticiens, et fatigue bientôt les doigts seulement habitués à la touche légère des piano-fortes.

L’organo-lyricon est composition neuve sous plusieurs rapports et elle a sollicité des moyens d’emploi nouveaux. En considérant cet instrument dans son ensemble et ses détails, on voit qu’il a été le résultat heureux de longues méditations.

L’auteur y a dépensé dix ans de soins et de recherche, beaucoup d’argent, et plus encore d’intelligence et de sagacité (Extrait du rapport lu à l’Institut par M. Charles, physicien).

Dictionnaire historique des musiciens, artistes et amateurs morts ou vivants Volume 2
De Alexandre Étienne Choron, François Joseph M. Fayolle

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