La danse a un effet bénéfique sur le vieillissement cérébral plus que le sport et la gymnastique
Effets de la danse sur le cerveau (hippocampe)
Lors du vieillissement, nous subissons une diminution de nos capacités physiques, sensorielles et mentales, aggravée parfois par des maladies telles que la maladie d’Alzheimer. Des études montrent l’intérêt pour les personnes âgées de bénéficier de programmes d’exercices physiques réguliers. Mais cette pratique dite sportive est-elle préférable à d’autres activités ?
Une nouvelle étude compare un programme classique d’exercice physique régulier chez des personnes âgées avec un programme d’entraînement régulier à la danse [1]. Il s’agit d’une étude longitudinale prospective randomisée menée sur une période de 18 mois sur un échantillon de personnes âgées de 63 à 80 ans en bonne santé.
Tandis qu’un groupe suit un programme de gymnastique comprenant un travail d’endurance des muscles squelettiques, l’autre groupe suit un programme d’apprentissage de la danse avec des chorégraphies en constante évolution que les participants doivent mémoriser avec précision.
Les deux groupes (âge moyen = 67,9 ± 3,3 ans) ne diffèrent pas en fonction de l'âge, du sexe, de l'éducation et de l'IMC. Chaque groupe bénéficie de deux séances de 90 minutes par semaine durant 6 mois, puis une séance par semaine durant 12 mois. Les participants sont suivis à l’aide d’imagerie en tenseur de diffusion, technique IRM qui permet la cartographie in vivo de la microstructure et de l’organisation des tissus cérébraux.
Vieillissement cérébral et hippocampe
Les études de résonance magnétique indiquent que lors du vieillissement l’hippocampe et le gyrus parahippocampique ont un taux d’atrophie de 2 à 3 % par décennie [2,3], celui-ci s’accélère au très grand âge au rythme d’une perte de 1% par an au-delà de 70 ans. Mais d’autres travaux mettent en évidence que l’hippocampe est une des régions du cerveau qui a la capacité de générer de nouveaux neurones tout au long de sa vie [4, 5].
L’hippocampe joue un rôle clé dans la mémoire et l’apprentissage, ainsi que dans la conservation de l’équilibre. Des résultats de travaux de recherche révèlent que les niveaux supérieurs de capacité cardiorespiratoire (VO2max) sont associés à des volumes plus grands d’hippocampe à la fin de l’âge adulte et que des volumes plus grand d’hippocampe peuvent, à leur tour, contribuer à une meilleure fonction de mémoire [6, 7, 8, 9].
La danse et ses effets sur la mémoire, l'apprentissage, le maintien de l'équilibre
Le docteur Kathin Rehfeld qui a réalisé ces travaux déclare que « l’exercice a un effet bénéfique sur le déclin cérébral physique et mental et même le contrecarre »[1]. Le docteur Kathin Rehfeld montre dans cette étude « que les deux types d’exercices physiques (formation à l’endurance, formation en danse) développent la zone du cerveau qui décline avec l’âge, l’hippocampe, notamment par l’amélioration de la condition physique aérobie. Mais c’est uniquement la danse qui entraîne des changements de comportements perceptibles en termes d’amélioration de l’équilibre, fonction qui est cruciale pour le bien-être et la qualité de vie » [1]. Les IRM fonctionnels des sujets âgés du groupe danse montraient des augmentations de certaines zones de l’hippocampe que l’on ne retrouvait pas chez les sujets âgés du groupe sport.
Les défis supplémentaires impliqués dans le programme de danse, à savoir la stimulation cognitive et sensorimotrice, ont induit des changements supplémentaires du volume de l’hippocampe au-delà de ceux qui peuvent être attribuables à une amélioration de la condition physique inhérente aux pratiques sportives. D’ailleurs d’autres études ont déjà démontré une meilleure performance dans les tâches d’équilibre et de mémoires chez les danseurs âgés [10, 11].
La danse semble une technique prometteuse pour lutter contre le vieillissement physique et cognitif, notamment de la mémoire, ainsi que pour conserver la capacité d'équilibre car elle nécessite l’intégration de l’information sensorielle à partir de multiples canaux (auditifs, vestibulaires, visuels, somatosensoriels) et le contrôle moteur fin de l’ensemble du corps.
L’équilibre est une fonction importante, cruciale par exemple pour la mobilité sociale. Les chutes chez les personnes âgées sont un facteur de risque majeur, avec des conséquences sur la morbidité et la mortalité.
« Je crois, conclut le docteur Kathin Rehfeld, que tout le monde voudrait vivre une vie autonome et saine aussi longtemps que possible. La danse contribue de manière très positive et plus complète qu’une simple gymnastique à promouvoir la santé physique, mentale et sensorielle. »
Rédacteur Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Source
- [1] Kathrin Rehfeld, Patrick Müller, Norman Aye, Marlen Schmicker, Milos Dordevic, Jörn Kaufmann, Notger G. Müller. Dancing or Fitness Sport ? The Effects of Two Training Programs on Hippocampal Plasticity and Balance Abilities in Healthy Seniors. June 2017,Volume 11, Article 305. Frontiers in Human Neuroscience.
Bibliographie
- [2] Raz, N., Lindenberger, U., Rodrigue, K. M., Kennedy, K. M., Head, D., Williamson, A., et al. (2005). Regional brain changes in aging healthy adults: general trends, individual differences and modifiers. Cereb. Cortex 15, 1676–1689.
- [3] Raz, N., Rodrigue, K. M., Head, D., Kennedy, K. M., and Acker, J. D. (2004). Differential aging of the medial temporal lobe a study of a five-year change. Neurology 62, 433–438.
- [4] Kempermann, G., Fabel, K., Ehninger, D., Babu, H., Leal-Galicia, P., Garthe, A., et al. (2010). Why and how physical activity promotes experience-induced brain plasticity. Front. Neurosci.
- [5] Spalding, K. L., Bergmann, O., Alkass, K., Bernard, S., Salehpour, M., Huttner, H. B., et al. (2013). Dynamics of hippocampal neurogenesis in adult humans. Cell 153, 1219–1227.
- [6] Erickson, K. I., Voss, M. W., Prakash, R. S., Basak, C., Szabo, A., Chaddock, L., et al. (2011). Exercise training increases size of hippocampus and improves memory. Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 108, 3017–3022.
- [7] Szabo, A. N., McAuley, E., Erickson, K. I., Voss, M., Prakash, R. S., Mailey, E. L., et al. (2011). Cardiorespiratory fitness, hippocampal volume, and frequency of forgetting in older adults. Neuropsychology 25, 545–553.
- [8] Bugg, J. M., Shah, K., Villareal, D. T., and Head, D. (2012). Cognitive and neural correlates of aerobic fitness in obese older adults. Exp. Aging Res. 38, 131–145.
- [9] Maass, A., Düzel, S., Brigadski, T., Goerke, M., Becke, A., Sobieray, U., et al. (2016). Relationships of peripheral IGF-1, VEGF and BDNF levels to exercise-related changes in memory, hippocampal perfusion and volumes in older adults. Neuroimage 131, 142–154.
- [10] Kattenstroth, J. C., Kolankowska, I., Kalisch, T., and Dinse, H. R. (2010). Superior sensory, motor, and cognitive performance in elderly individuals with multiyear dancing activities. Front. Aging Neurosci. 2:31.
- [11] Rehfeld, K., Hökelmann, A., Lehmann, W., and Blaser, P. (2014). Auswirkungen einer Tanz- und Kraft-Ausdauer-Intervention auf kognitive Fähigkeiten älterer Menschen. Z. Neuropsychol. 25, 99–108.
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