Janis Joplin et addictions
La Mort de Janis Joplin
Affronter la scène
"Affronter le public sur scène n’est pas facile pour une femme à la fois timide et en situation de pionnière. Il faut de l’audace pour imposer sa voix dans une salle au brouhaha presque incessant, et à un public essentiellement constitué d’hommes. Janis doit se faire violence, solliciter son versant masculin, se désinhiber grâce à l’alcool qu’elle entrevoit comme un signe d’émancipation."
Autodestruction
"En 1963, Peter Albin et Sam Andrew, deux de ses futurs musiciens ont l’occasion de l’entendre pour la première fois. "Ils remarquent certes ses qualités vocales… mais dans un premier temps ils la voient surtout comme une paumée autodestructrice. Pour eux et d’autres habitués du quartier, elle est une sorte de speed freak, essentiellement préoccupée de tester des produits comme les amphétamines et la méthédrine, sans négliger tout un assortiment d’alcool. Cet abus de boisson et de drogues va détériorer sa santé…"
Je suis pour tout ce qui peut aider à survivre un jour de plus.
"Pour la première fois, Janis est attirée par l’héroïne, le smack, qu’elle voit naïvement comme un antidouleur et un catalyseur d’énergie. Aux abois, elle vit dans un sous-sol sordide sur Sacramento Street…"
"Mal en point et presque déchue, Janis s’approprie l’esprit du blues, musique du vécu qui, bizarrement, lui vaudra d’être comparée à Edith Piaf… " Elle fait sienne cette citation de Frank Sinatra : "En fait, je suis pour tout ce qui peut aider à survivre un jour de plus, que ce soit une prière, des tranquilisants ou une bouteille de Jack Daniel’s". "Janis aura tout simplement remplacé la marque d’alcool par Southern Comfort…"
En 64, "après avoir économisé quelque argent en travaillant une nouvelle fois comme perforatrice, Janis entreprend une expédition à New York avec son amie Linda Poole. Mais très vite l’alcool et les drogues mènent le bal… Janis "chante occasionnellement du folk blue au Slug’s, un club sans envergure de "Greenwich Village. La plupart du temps, elle reste enfermée avec ses amis à se défoncer aux amphétamines…"
Toucher le fond
"Elle touche le fond, vit au jour le jour et en est réduite à manger à l’armée du salut… elle doit vendre de la dope dans les rues… Elle commence une dépression nerveuse (elle avait par le passé dans son enfance des dépressions nerveuses)… L’année de sa mort, Janis avouera à la chanteuse Bonnie : "Moi, j’étais même pas chanteuse avant de le devenir. Je vendais de la dope et je traînais dans les rues à la recherche d’un endroit où pioncer et d’un mec à baiser…"
En 65, de manière artisanale, Janis "enregistre quatre morceaux dont "Black Moutain Blues" et "River Jordan", un gospel lui rappelant la chorale de son enfance"… "Amaigrie, émaciée, gavée d’amphétamines, catatonique, terrifiée par son propre état, Janis tente de se faire admettre en mai au San Francisco General Hospital". En vain, les soignants ne l’acceptent pas : "il est vrai qu’à cette époque nombre de paumés tentent de se faire interner quelque temps, ne serait-ce que pour manger à leur faim".
A cette époque, Janis se sent en situation d’échec. Elle décide de revenir chez ses parents. Elle entreprend un travail avec un psychologue et essaie d’adopter la vie rangée souhaitée par ses parents. "Sevrage total. Souffrance aiguë. Abandon de toute ambition artistique.
Le désir de chanter
Mais finalement le désir de chanter est le plus fort. Elle chante donc à l’Eleventh Door… A cette période elle va entrer en contact avec un groupe expérimental, le 13th Floor Elevators. "Son chanteur et guitariste torturé, Rocky Erickson, âgé de dix-huit ans, est le fils d’une cantatrice. Mais il est surtout un adepte forcené des hallucinogènes, et en particulier de certains champignons mexicains.
"Après avoir frôlé de sérieux ennuis pour possession de marijuana, le myrmidon Erickson et son groupe prendront la poudre d’escampette et se réfugieront en Californie, où la découverte de la méthédrine et du LSD leur sera fatale.
Ces années vont être celles de son ascension musicale. En 68, fait son tout premier concert à New York, c’est B.B. King qui est prévu en première partie. En le voyant répéter, elle mesure le chemin qu’elle a encore à parcourir. Par ailleurs, sa consommation quotidienne de Southern Comfort dépasse parfois les deux bouteilles. Elle agrémente volontiers cette boisson avec du librium ou de la méthadone. Elle va glisser progressivement vers l’héroïne "aux effets apaisants, qui lui permettra illusoirement de lutter contre la douleur de vivre. Linda Gravenites enrage à ce sujet : " D’accord, ça t’évite de te sentir trop mal dans ta peau, mais ça t’évite surtout de te sentir bien quand tu le pourrais." Janis supporte difficilement la goire galopante qui, de façon perverse, va bientôt accroître son anxiété. Financièrement la situation devient plus facile. Dans les années 70, les revenus annuels de Janis dépassent 300 000 dollars, une somme très importante pour l’époque. Son addiction est toujours très présente, elle est parfois ivre d’alcool avant d’entrer sur scène. Elle fait de terribles efforts pour éviter l’héroïne sans y parvenir à cette période.
Dépression et risque suicidaire
Elle a des états dépressifs récurrents depuis sa jeunesse. En 70, elle traverse à nouveau un état dépressif. A Kris Kristofferson, elle confie : "Si rien ne s’arrange, je vais recommencer la seringue." Elle lui parle même à plusieurs reprises de suicide.
"Le 12 août 70 a lieu le tout premier concert de Janis Joplin, au Havard Stadium de Cambridge, en banlieue de Boston, devant plus de 30 000 personnes".
"Au début septembre,Janis retourne à Los Angeles et aux studios Sunset Sounds. Elle doit reprendre l’enregistrement de son album Pearl.
"En apprenant la disparition de Jimi Hendrix à Londres, le 18 septembre 1970, Jim Morrisson déclare : "Quelqu’un croit-il aux présages ?" Révélant sa profonde personnalité, il revient vers Janis pour la saluer. Blafard et plutôt bouffi, même si pour l’heure, il ne boit plus que du vin blanc, il annonce à sa "vieille copine de beuverie, comme il l’appelle, qu’il a décidé de tout plaquer, à commencer par la musique".
La mort de Janis Joplin
Janis travaille sur son album. Le 3 octobre, Janis quitte le studio d’enregistrement en compagnie de ses musiciens Kenny Pearson et Richard Bell ; il est minuit, ils la laissent dans le hall de son hôtel. Dans sa chambre "Janis déballe son kit de toxico et s’administre sa dose d’héroïne extrêmement pure". .."Peu avant une heure, elle descend de sa chambre et demande au veilleur de nuit de lui faire de la monnaie pour acheter un paquet de Malboro.
"Revenue dans la pièce, elle repose le paquet de Malboro sur la table de nuit, se déshabille. Elle ressent alors une brusque déflagration dans tout son corps et s’effondre au pied du lit. Dans sa chute, son visage heurte violemment un meuble. Inerte sur le sol, elle saigne du nez, qu’elle vient de se briser. Ce n’est que le lendemain que son absence au studio d’enregistrement provoque l’alerte. "La police arrive discrètement sur les lieux plus d’une heure et demie après la découverte du corps. Il est 21 heures 10 quand le sergent Sanchez déclare Janis Joplin décédée. Le coroner A.L. Lorca est le premier à examiner le corps de Janis à l’hôtel même… Il ne peut sur-le-champ déterminer la cause de la mort, mais biffe les cases Natural, Accident et Undetermined sur son rapport, et il ajoute la "possibilité" d’une mort par overdose sous l’effet de Dalmane ou autre produit stupéfiant… Le corps est ensuite transporté à la morgue et placé dans le tiroir n°9, avant d’être examiné. On consigne un poids de soixante et un kilos deux cents pour une taille d’un mètre soixante sept".
Overdose
On retrouvera dans la chambre un sachet rouge contenant de l’héroïne, ainsi que le kit de toxico de Janis.
"Le médecin légiste reçoit les résultats de l’analyse de sang, qui laisse apparaître des traces de morphine dans le système circulatoire"… L’analyse va démontrer que l’héroïne était pratiquement pure, dans une proportion plus de dix fois supérieure au maximun courant. Difficile à un organisme de résister à une telle charge, surtout après une consommation d’alcool. Le bilan post-mortem stipule :
- Oedème pulmonaire et congestion.
- Congestion viscérale.
- Marques d’aiguille sur les deux bras.
- Métamorphose grasse du foie".
D’après son biographe Jean-Yves Reuzeau, Foliot biographies, 2007.
Rédacteur Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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