Establies
Nos premiers théâtres, ceux qui étaient destinés à la représentation des miracles et des mystères, étaient construits en plein vent. Ce ‘était d’abord que de simples et grossiers échafauds, figurant seulement la scène et destinés aux acteurs, le public se tenant debout. Un peu plus tard, ces constructions rudimentaires et toujours provisoires furent pourtant améliorées et agrandies, de façon que les spectateurs fussent plus à leur aise. Au nom d’échafaud (Voyez ce mot), qu’elles avaient tout naturellement reçu d’abord, on substitua celui d’establies, ainsi qu’on le voit dans le Mystère de l’Incarnation et Nativité (1477) : « Etaient les estables assises en la partie septembre du neuf marchié depuys l’hostel de la Hache couronnée jusqu’en l’hostel où Hache couronnée jusqu’en l’hostel où pend l’enseigne de l’Ange. » Georges Kastner dit à ce sujet : « Ce nom d’establies était celui qu’on donnait aux différents étages du théâtre, mais par synecdoche il signifiait le théâtre même. L’œuvre en bois destiné à la représentation des scènes contenait ordinairement plusieurs establies, c’est-à-dire qu’il était divisé par compartiments. Comme on ne savait pas faire les changements à vue, on construisait un certain nombre d’échafauds à côté les uns des autres, quand la pièce comportait un grand déploiement de mise en scène, une grande quantité de décorations. Il y avait, par exemples, des mystères tellement longs qu’il fallait plusieurs jours pour les jouer. Dans un de ces mystères divisés en plusieurs journées, les Actes des Apôtres, le nombre des lieux distincts à représenter ne s’élevait pas à moins d’une centaine. Pour la représentation de la Passion, jouée à Angers en 1486, on fut obligé d’établir « cinq eschaffautz à plusieurs étages couverts d’ardoises. » La scène proprement dite, c’était donc l’eschaffaut, qu’on appelait aussi jeu ou parloir. L’endroit réservé pour le spectacle, et que devaient occuper les comédiens et le public, s’appelait le parc ou le parquet… La partie la plus élevée des anciens échafauds scéniques, les establies supérieures, figuraient le Paradis, tandis que l’Enfer, représenté par une énorme gueule de dragon, était placé au-dessous ou plutôt en dehors de l’establie inférieure.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885
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