Esquisse

Nom féminin

Signifie, quand il s’agit d’un dessin, le premier trait dénué encore de clair-obscur, et n’indiquant rien que la place et les principaux contours de la figure, pour guider le crayon dans ses opérations subséquentes. L’esquisse est donc pour le dessinateur ce que la première ébauche est pour le peintre. Quand il s’agit de peinture, on appelle esquisse un premier essai en petit d’un tableau qu’on se propose d’exécuter en grand. C’est dans l’esquisse, que souvent il refait plusieurs fois, qu’un peintre établit la composition et le système de clair-obscur de son tableau, par les moyens négligés qui conviennent également à l’essor d’une première pensée et aux tâtonnements multipliés d’une invention pénible. En cela l’esquisse est fort semblable à ce que l’on appelle ébauche ; elle n’en diffère guère qu’en ce que celle-ci est le commencement du tableau lui-même, le premier trait sur lequel le peintre trait sur lequel le peintre repassera pour terminer son ouvrage, au lieu que l’esquisse n’est que le modèle en petit et plus ou moins informe du tableau plus grand. Quelques peintres font des esquisses tellement soignées qu’elles peuvent passer pour de petits tableaux (Voir Ebauche).

Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911

Premier jet d’une composition qu’un artiste crayonne sur le papier ou sur la toile. C’est dans une esquisse qu’on peut le mieux étudier le véritable talent d’un artiste, car il s’y montre tel qu’il est. Les esquisses sont généralement traitées avec feu, avec verve, et partout elles ont une très grande valeur, surtout celles des maîtres, qui ont souvent beaucoup plus de charme qu’un travail entièrement achevé. Notre figure 372 montre une admirable esquisse de Raphaël : une Madone avec son bambino. C’est bien là le plus beau type d’esquisse qu’on puisse voir : rapidement du coup de crayon, léger estompage et correction de dessin extrêmement remarquable.
Nous avons choisi ce modèle d’esquisse pour bien faire comprendre et saisir au lecteur toute l’exquise saveur que comporte avec elle l’œuvre d’un maître dans ce premier état qu’on nomme une esquisse.
Voici quelques prix qu’ont obtenus des esquisses, à la vente de la collection Walferdin, hôtel Drouot, avril 1880.
Esquisses de Fragonard. Je ne le ferais plus, maman. 700 fr. Dites donc, s’il vous plaît, sépia signée en toutes lettres. 660 fr. Le Vœu à l’Amour. 1,600 fr. Le Sacrifice de la rose. 2, 600 fr. Le Verrou, première pensée de la célèbre composition si popularisée par la gravure. 4,500 fr. Le Lever des ouvrières en modes (pensée première). 1,100 fr. L’Education fait tout. 3,100 fr. Un lot de 48 compositions pour les Contes de la Fontaine. 10,00 fr. Esquisse de Boucher. Molière dans le rôle de Pourceaugnac. 460 fr. Géricault. Le Hussard à cheval. 1,050 fr. Greuze. Le Paralytique. 1,275 fr. Wateau. Tête de femme. 1,520 fr. Prudhon. Dessin exécuté pour la vignette de la Seine-Inférieure. Mise à prix, 500 fr. ; adjugé à 9,500 fr.

Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot
Ernest Bosc, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883