Empirisme
Terme de psychologie
Théorie énonçant que la seule source de la connaissance est l’expérience essentiellement liée aux organes des sens. Nos concepts, nos idées dérivent de ces impressions sensorielles, et en sont en soit des copies simples, soit des combinaisons de copies simples. L’attitude empirique peut se caractériser en quatre termes fondamentaux : le sensationnalisme (voir ce mot), le réductionnisme (voir ce mot), l’associationisme (voir ce mot), le mécaniscisme (voir ce mot).
Dans l’histoire de l’harmonie, on appelle Empirisme l’enseignement de l’harmonie par l’étude des faits accomplis dans les œuvres des compositeurs. Cette méthode consiste à prendre l’un après l’autre tous les accords employés par les grands compositeurs, à les enregistrer, à les coordonner, à les graver dans la mémoire, ainsi que toutes les circonstances de leur emploi ; puis, lorsqu’on s’est longtemps fatigué pour comprendre, formuler, grouper et retenir ces innombrables faits harmoniques, à les imiter dans ses propres compositions, c’est une méthode empirique dans toute la force de ce mot. Elle peut enseigner l’harmonie, mais elle est longue, fatigante, irrationnelle. En revanche, elle possède deux avantages inappréciables ; elle prolonge ordinairement les jours de ses adeptes ; car, si elle les fatigue démesurément et pendant de longues années, elle réussit, en général, à étouffer si parfaitement leur imagination et leur génie, que ces deux choses dévorantes sont désormais sans influence sur eux ; ensuite, comme elle ne rend jamais compte de rien, elle n’est jamais embarrassée. Cette méthode n’est point un fantôme imaginé à plaisir ; elle a été suivie par des harmonistes célèbres, dont les principaux sont : Godefoy Weber, en Allemagne, et Reicha, ancien professeur au Conservatoire de Paris. Godefoy Weber, que personne ne confondra avec Marie de Weber, l’illustre auteur de Freyschütz, l’a employée d’une manière exclusive ; aussi ne nous y arrêterons-nous point. Reicha ne l’a point suivie d’une manière aussi complète. Il a fait choix de treize accords qu’il appelle fondamentaux et auxquels il s’efforce de ramener tous les autres. Cependant, c’est encore de l’empirisme ; car ses accords soi-disant fondamentaux, sont en définitive, même pour lui, de simples faits harmoniques qu’il emprunte aux œuvres des compositeurs, et non des données fournies par le raisonnement, les mathématiques ou les phénomènes observés dans les corps sonores. Ensuite, l’enchaînement de ces accords, leur but et les circonstances innombrables de leur emploi, toutes choses si essentielles en harmonie, ne lui sont connues que par l’étude empirique des compositeurs. Il n’y a rien dans ses accords fondamentaux, absolument rien qui lui fournisse à cet égard une loi quelconque, une conclusion, une simple induction. Enfin, le choix même de ses treize accords fondamentaux est complètement arbitraire. Rien ne prouve qu’ils le soient plus que d’autres, et, en effet, bon nombre d’entre eux ne diffèrent des autres que par des altérations purement facultatives ; ceux qui les connaissent en conviendront, et la question n’est pas assez importante pour en parler davantage en faveur de ceux qui ne les connaissent point. En résumé, le système de Reicha ne mérite pas la réputation qu’il s’est acquise ; il est moins acceptable encore que l’empirisme exclusif de Weber. S’il affiche l’orgueil d’une théorie, il n’en est pas plus raisonné ; et il ajoute aux difficultés quelquefois inextricables d’une théorie sans base, sans liaison, sans fécondité. Cette dernière et importante réflexion doit être appliquée à tous les traités d’harmonie, quels qu’ils soient, où la science n’est point appuyée sur le fondement inébranlable et vrai de la tonalité moderne. (Voyez le mot HARMONIE).
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