Costumes dans leurs rapports avec l’opéra
Sous Louis XIII et Louis XIV, les acteurs, dans la comédie, étaient vêtus sur le théâtre comme à la ville. Dans la tragédie, leur costume ne ressemblait en rien à la réalité. Dans l’opéra, le costume des personnages mythologiques offrait un mélange bizarre et incohérent dont il serait difficile de rendre compte. La mode et son inconstance influèrent sur ces costumes imaginaires, et l’on vit, sous Louis XV, les nymphes et les faunes venir danser sur nos scènes lyriques avec des paniers et des bouffants, tous couverts de gaze bouillonnée avec des rubans. Quelques artistes voulurent introduire des réformes dans les costumes de théâtre ; mais l’amélioration qu’ils y apportèrent se borna à exclure les paniers des actrices et les chapeaux à plumes des acteurs ; à introduire dans les sujets asiatiques tantôt un habit turc, tantôt une peau de tigre en forme de manteau ; puis l’habit français du seizième siècle pour les sujets relatifs la chevalerie. Ces améliorations étaient bien loin d’atteindre les perfectionnements que Talma fit adopter vers 1791. La tragédie de Charles IX, jouée alors au Théâtre-Français, est le premier ouvrage où l’on ait suivi le costume avec une rigoureuse exactitude. Cette innovation fut tellement goûtée du public, qu’elle s’étendit, bientôt à d’autres théâtres, et notamment à l’Académie royale de musique. Cependant, on doit avouer que le zèle ne se soutint pas en tout point. Ainsi, on vit à l’Opéra la Sémiramis, de Catel jouée dans un palais d’architecture corinthienne dont les jardins se trouvaient remplis de plantes d’Amérique. Un trône était placé sous une draperie de mauvais goût, ressemblant à ce qu’on nommait, il y a cinquante ans, un baldaquin à la polonaise. Aujourd’hui, dans beaucoup de nos théâtres, les principaux acteurs ont un costume assez conforme à leur rôle. M. Duponchel, grâce aux conseils de l’intelligent artiste Nourrit, introduisit à l’Opéra une nouvelle réforme. La sévérité des costumes ne s’est pas bornée à celle des habits et des coiffures ; la même exactitude a été apportée dans les meubles et dans tous les accessoires. Des améliorations analogues ont eu lieu à l’Opéra-Comique, et le Théâtre-Italien maintenant commence à nous habituer à un certain luxe de costumes et de décors.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie, 1872
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