Copie
Terme d’art plastique
Substantif féminin
Tableau, dessin exécuté d’après un autre dessin ou tableau. Quand c’est le maître lui-même qui s’est copié, le second ouvrage s’appelle répétition ou réplique. Il est de la nature de la copie d’être exécutée avec moins de liberté, de franchise que l’original ; et comme il n’arrive guère que l’artiste le plus habile copie l’ouvrage de celui qui l’est le moins, les copies sont en général inférieures aux originaux. On en a vu cependant de si bien exécutées, que l’auteur de l’original y était trompé lui-même, et il est incontestable que les amateurs, les marchands, et même quemques connaisseurs, sont plus sujets, qu’ils ne voudraient le laisser croire, à ces sortes de méprises. On peut distinguer en peinture deux sortes de copies ; les unes exactes et serviles, dans lesquelles le copiste s’est appliqué à contre-faire jusqu’aux moindres circonstances des procédés de l’auteur original ; les autres plus librement faites, et qui rendent la composition, le dessin, la couleur, l’effet général, de l’original, sans reproduire si exactement le faire du maître. Les copies de cette dernière espèce sont toujours faciles à reconnaître, même à première vue.
Quant il s’agit d’une répétition, exécutée par la même main et dans les mêmes dimensions que l’original, ou même d’une réplique, il semblerait qu’alors un artiste habile, revenant sur son propre ouvrage qu’il a eu le temps d’examiner, devrait se surpasser lui-même, et cependant il est fort rare que cela soit ainsi. C’est, dit-on, que l’inspiration n’y est plus, que l’heure sans retour du génie, est passée. Mais cette explication elle-même a besoin qu’on l’explique ; qu’est-ce que l’inspiration et l’heure du génie dans les arts de la main ?
Le peintre, la tête remplie de son sujet, est de temps en temps favorisé d’une certaine exaltation d’esprit. Ses personnages se présentent à son imagination ; il les voit. Il se sent pour ainsi dire dans la situation de chacun d’eux ; il se figure, il éprouve jusqu’à un certain point, lui-même, les effets physiologiques de leurs passions, de leur affections ; et la main, devenue chez lui, par une longue habitude, le principal moyen d’expression de sons sens intérieur, reporte ces images sur la toile par des traits qu’elle ne retrouvera plus, une fois ce moment de l’émotion passé. C’est un mouvement machinal, involontaire, du moins quant à son extrême précision. Telles sont les inflexions de la voix de l’acteur ému des choses qu’il a à dore ; le désordre véritable des muscles du mime pénétré de son rôle ; la tristesse, l’abattement réel, l’accent suppliant, ou bien le front audacieux, l’œil enflammé, la voix tonnante de l’orateur plein du sentiment des malheurs et du bon droit de son client.
Mais pourquoi ces mouvements de l’âme, si favorables à l’œuvre originale, ne se renouvellement-ils pas en faveur de la répétition ou de la réplique ? C’est que, lorsqu’il s’agissait de l’original, le modèle était uniquement dans l’imagination de l’artiste, sur laquelle il exerçait une action continue, tandis que, pour la répétition ou la réplique, le modèle est sur la toile d’où il se prépare aux yeux, et, par eux, à la main du peintre, sans presque aucune participation de l’imagination. Cette souplesse, cette précision ineffable du mouvement des organes, qui ne se manifeste que lorsque celle-ci sont mises hors de leurs habitudes ordinaires de l’âme, que nous appelons l’inspiration, l’impulsion du génie, ne passera donc jamais au même degré dans la main de l’artiste, quand il fera une répétition, une réplique, que lorsqu’il exécutera un original (Voir Double, Original, Répétition, Réplique)
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911
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