Contre-ténor

Qu’est-ce en réalité, qu’un contre-ténor ? (Question posée à Philippe Jaroussky (contre-ténor)

Vaste problème ! Les définitions se succèdent et ne se ressemblent pas. C’est en tout cas quelqu’un qui ne chante pas en voix de poitrine, mais en falsetto, dit aussi fausset ou voix de tête. Je crois que la voix de castrats sonnait plus virile que la nôtre, car ils étaient, au fond, des ténors qui pouvaient monter à l’infini. Ils avaient, du fait de leur opération, de toutes petites cordes vocales, mais aussi une capacité pulmonaire d’adultes. Le résultat devait être étonnant.
La plupart des contre-ténors ayant des voix d’altos, je tranchais sur eux, en effet. Mais je ne me suis jamais senti « soprano », comme l’est par exemple Jacek Laszczkowsky, avec qui j’ai chanté dans Caton in Utica de Vivaldi sous la direction de Jean-Claude Malgoire. J’ai dû travailler dur pour affermir mon médium sans compromettre mon aigu, et pouvoir chanter sans danger dans la tessiture de mezzo qui est la mienne.
Monde de le musique, nov 2009

Quelle est la différence entre haute-contre et contre ténor ?


Là, nous nous engageons dans un débat babylonien ! A l’époque, haute-contre était le terme français pour l’anglais counter tenor, la voix au-dessus du ténor. Dans la polyphonie, la voix du ténor, celle qui "tient" tout l’édifice musical, est entourée par le contre-ténor altus (au-dessus) et le contre-ténor bassus (en-dessous).
Monde de la Musique - Supplément René Jacob n°314.



Comment définiriez-vous un contre-ténor (Question posée à P. Jaroussky, nov 2010)


C’est un homme qui chante avec une voix de tête. Ce n’est ni un haute-contre, sorte de ténor aigu qui développe une voix de poitrine, ni un falsettiste - ou fausset, comme on dit parfois. Ces expressions horribles sous-entendent que cette voix est feinte, fausse, antinaturelle. Or la voix de contre-ténor n’est pas plus fausse qu’une voix de femme. Si vous entendez Natalie Dessay parmer, sa voix n’a rien à voir avec celle qu’elle a en chantant. C’est la même chose pour moi.
Pour un contre-ténor, toute la difficulté consiste à passer de l’aigu aux graves aux aigus. C’est tout un art, parfaitement maîtrisé par Gérard Lesne, par exemple. Je procède autrement : j’étends au maximum vers le grave ma voix de tête et au maximum vers l’aigu ma voix de poitrine. Je cherche aussi à ce que ma voix s’épanouisse dans tout mon corps. A mes débuts, je chantais avec ma tête ; dorénavant, tout à mon corps participe, comme je vous l’ai expliqué. C’est la seule méthode valable, je crois, si l’on veut durer.
Classica, nov 2010 n°127.


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