Concerts populaires
C’est à M. Pasdeloup, sous la direction duquel ils se trouvent encore à l’heure présente, qu’est due la fondation à Paris des Concerts populaires, qui ont tant fait pour l’éducation musicale des masses et à qui l’on doit les progrès très considérables que le goût de la musique a faits en France depuis une vingtaine d’années. M. Pasdeloup, qui était alors à la tête d’une société symphonique connue sous le nom de Société des jeunes artistes du Conservatoire, était désireux de doter son pays d’une institution qui lui manquait encore, malgré les essais faits en ce genre, à diverses reprises, par plusieurs artistes distingués, entre autres Manéra, Malibran et Félicien David ; il rêvait la fondation d’une entreprise de concerts à bon marché grâce à laquelle on pourrait mettre à la portée de tous, pour un prix modique, les grands chefs d’oeuvre de la musique symphonique classique, dont l’audition était jusqu’alors le privilège d’un petit nombre. Il lui fallait pour cela trouver une salle assez vaste pour que, malgré la modicité du prix des places, le chiffre des recettes permit de supporter, avec les dépenses d’un orchestre considérable, tous les autres frais inhérents à une telle entreprise. Or, on sait combien Paris a toujours été pauvre en salles de concert. M. Pasdeloup ne se rebuta pas pour cela, et, ne trouvant rien de mieux, en vint à s’installer dans un manège. Il loua la salle du Cirque d’Hiver, une fois en possession de son local s’occupa de l’organisation matérielle de ses séances, et bientôt d’immenses affiches, placardées dans tout Paris, annonçaient l’inauguration des Concerts populaires de musique classique, inscrivant sous ce titre hardi les cinq grands noms de Haydn, Mozart, Beethoven, Weber et Mendelssohn, et faisant connaître les prix des places, qui étaient fixés à 5 francs, 2 fr. 50, 1 fr. 25 et 75 centimes. Le premier concert eut lieu le dimanche 27 octobre 1861, et le succès qui l’accueillit, succès spontané, colossal, immense, prouva du premier coup que l’idée serait aussi profitable qu’elle était généreuse. Bien avant l’heure fixée pour l’ouverture des bureaux, la foule se pressait aux portes du Cirque, et la salle était comble lorsque M. Pasdeloup donna le signal de l’attaque de la chevaleresque ouverture d’Oberon. Une immense salve d’applaudissements éclata de tous les points de la salle lorsque le morceau fut terminé, et l’enthousiasme ne fit que s’accroître jusqu’à la fin de la séance. De ce jour l’avenir des Concerts populaires était assuré, et M. Pasdeloup, en rendant un éclatant service à la musique, en mettant les classes bourgeoise et laborieuse à même de connaître ses plus admirables chefs-d’œuvre, en propageait le goût d’une façon incalculable et créait une institution qui marquera dans l’histoire de l’art. Presque aussitôt celle-ci portait les fruits qu’on en pouvait attendre, et des concerts populaires s’établissaient successivement non seulement dans la plupart de nos grandes villes de France, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Marseille, Lyon, mais dans presque toutes les capitales et villes importantes des pays étrangers : Londres, Turin, Gênes, Florence, Moscou, Madrid, Birmingham, Bruxelles, etc., et partout avec le même succès. A Paris même, M. Pasdeloup trouva de hardis émules, et plusieurs entreprises semblables se formèrent, dont deux ont su rencontrer le succès : celle des concerts de l’Association artistique, donnés au théâtre du Châtelet sous la direction de M. Colonne, et celle de la Société des Nouveaux-Concerts, dont les séances, admirablement dirigées par M. Charles Lamoureux, ont lieu dans la salle du théâtre du Château-d’Eau
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885
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