Cléopâtre

Opéra en quatre actes, paroles de M. Bogros, musique de Mme la baronne de Maistre. Cet ouvrage, dont plusieurs fragments ont été entendus par un auditoire d’élite et ont produit la plus favorable impression, a été remarqué et signalé par le jury chargé de l’examen des partitions envoyées au concours du Théâtre-Lyrique. C’est à ce double titre que nous mentionnons cet opéra. Les compositions musicales de Mme la baronne de Maistre se distinguent par la force et la vérité de l’expression dramatique, par l’originalité des idées et l’emploi intelligent des ressources de l’harmonie. L’opéra de Cléopâtre renferme des beautés trop saillantes et d’un ordre trop élevé pour que le public ne soit pas admis à l’entendre et à le juger sur une de nos premières scènes lyriques. Le livret offre des situations favorables à une belle mise en scène. AU premier acte, l’atrium du palais d’Antoine ; les rois, reines et peuples de l’Asie vaincue défilent devant lui ; ce qui rappelle les beaux spectacles des opéras de Quinault et de Lulli ; l’arrivée de Cléopâtre dans sa galère ; la salle du festin devant lui ; ce qui rappelle les beaux spectacles des opéras de Quinault et de Lulli ; l’arrivée de Cléopâtre dans sa galère ; la salle du festin ; l’arrivée inattendue d’Octavie. Au deuxième acte, les jardins de l’île de Méosie, des scènes de passion et de désespoir. Au troisième, le golfe d’Ambracie au lendemain de la célèbre bataille d’Actium. Au quatrième, l’intérieur du tombeau de Ptolémée ; dans un deuxième tableau, les jardins d’Alexandrie ; la mort d’Antoine, celle de Cléopâtre et l’arrivée de César triomphant. La partition renferme des morceaux remarquables ; parmi les plus saillants, nous signalerons dans le premier acte : le chœur d’introduction, l’air du grand-prêtre : Déesse au front paré d’étoiles, le chœur des esclaves, la romance de ténor : Un soir d’été calme et tranquille. Dans le deuxième acte, l’air de Cléopâtre : le Soleil décline ; un duo entre Antoine et la reine. Dans le troisième, le chœur des soldats : Le vent gémit, la mer profonde ; la grande scène du désespoir de Cléopâtre. Dans le dernier acte, l’air de la reine : Accueille-moi, dernier asile ; le trio syllabique : la Nuit sombre, de son ombre ; le duo entre Octavie et Cléopâtre : Trop grande est ton audace ; enfin la scène de la mort de Cléopâtre.

Dans cet ouvrage important, comme dans l’opéra de Sardanapale du même auteur (v. ce mot) que nous avons fait connaître, circule abondamment le souffle épique. Ce sont là des œuvres d’un grand mérite et qu’on ne saurait trop encourager ; car elles sont de nature à arrêter cette décadence dont nous suivons la pente depuis quelques années.

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