Christmas-Pantomimes

On sait que le jour de Noël (Christmas) est pour l’Angleterre une sorte de fête nationale, qui résume à elle seule, en les amplifiant encore, nos fêtes de Noël et du jour de l’an, et qui donne lieu à des réjouissances de toutes sortes. Fête des enfants des boxeurs, etc., tout se trouve compris et confondu dans cette grande solennité à la fois nationale et familière. A Londres, les théâtres célèbrent la Christmas à leur manière, avec un luxe et une somptuosité extraordinaires, et c’est le lendemain même du jour de Noël, le Boxing day (jour des boxeurs), que la première représentation des pantomimes nouvelles (Christmas pantomimes) ou de féeries merveilleuses dont les sujets sont empruntés à des contes de nourrice ou à es récits populaires et fantastiques. Louis Blanc, dans sa belle langue, élégante et claire, a ainsi parlé des pantomimes de la Christmas, dans ses Lettres sur l’Angleterre :
Le soir du Boxing day, les pantomimes commencent. C’est l’heure du fou rire ; et nulle part, à époque fixe, on ne rit autant qu’en Angleterre. Adieu tragédies et comédies, drames et mélodrames ! Adieu Shakespeare ! Pendant six semaines, dans tous les théâtres d’Angleterre possibles et imaginables, il n’y aura plus place que pour les prouesses élégantes d’Arlequin, les pirouettes de Colombine, les grosses espiègleries de notre ami Paillasse, les coups de pied prodigués au vieux Pantalon, le tout précédé d’une représentation féerique, où l’on ne verra que processions de masques gigantesques, déesses suspendues entre ciel et terre, tout ce que l’intelligence humaine peut produire de plus adorablement bête, et la science du décorateur de plus fantastiquement magnifique.
Ce spectacle, toujours, le même, toujours nouveau, a pour les Anglais un attrait dont je ne saurais mieux comparer la puissance qu’à ce charme mystérieux, souverain, éternel, qui s’attache au spectateur de Polichinelle. Pendant six semaines, vous dis-je, les théâtres regorgeront de monde, et l’on écrasera aux portes. Certains grands-pères et certaines grands-mères ont voulu me faire croire qu’ils allaient là pour leurs enfants ; mais je les ai surpris, les hypocrites, s’amusant pour leur propre compte, très patriotiquement, du reste, attendu que les pantomimes ont un caractère national, absolument comme le plumpudding.
Chaque année, les pantomimes de la Christmas acquirent plus d’importance chaque année ces fêtes théâtrales deviennent plus brillantes, les costumes et les décors prennent plus d’éclat, et la foule se presse avec plus d’ardeur aux portes des théâtres populaires.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d‘Arthur Pougin, 1885

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