Chef d’orchestre

Nom de l’artiste qui conduit, qui dirige les musiciens d’un orchestre. Anciennement il était appelé batteur de mesure. A notre époque contemporaine, les progrès considérables obtenus dans la science de l’orchestration ont donné au chef d’orchestre un rôle, une mission également considérables dans l’interprétation des œuvres. Pour diriger son orchestre, le chef bat la mesure soit avec un archet de violon, soit avec une baguette en forme de petit bâton, appelé : bâton de chef d’orchestre.
Dictionnaire 1935

Le titre indique la fonction. Le chef d’orchestre est l’âme tout ensemble et la cheville ouvrière d’une bonne exécution musicale. Le rôle qu’il joue sous les yeux du public n’est rien en comparaison de celui qu’il remplit préalablement pour « mettre sur ses pieds » une œuvre importante et la mettre en état d’être offerte aux spectateurs. C’est beaucoup sans doute de battre la mesure à son orchestre, de savoir l’échauffer, lui donner de l’élan quand besoin est, tout en modérant son ardeur à l’occasion, d’indiquer à chaque instrument la rentrée importante à faire, de maintenir dans le droit à chaque chanteur le signal du départ, de parer aux défaillances ou aux manques de mémoire de ceux-ci en faisant sauter à tout orchestre deux ou trois mesures escamotées sur la scène. Tout cela n’est rien pourtant si l’on songe aux travaux préparatoires des études et des répétitions, aux répétitions partielles et complètes qu’il faut diriger et organiser, à la surveillance de toutes les parties de l’exécution : rôles, chœurs, orchestre, ballet, à la précision qu’il faut apporter dans l’indication des mouvements, à la confiance qu’il faut savoir inspirer et communiquer à tous, enfin à l’énorme responsabilité qui pèse, au point de vue de l’ensemble général, sur les épaules d’un chef d’orchestre.
Aussi un excellent chef d’orchestre est-il chose bien rare. Sans vouloir adresser à qui que ce soit une critique qui n’aurait pas ici de raison d’être, on peut dire qu’à l’Opéra Valentino et Habeneck n’ont pas encore trouvé de successeur, non plus que Tilmant à l’Opéra-Comique. Le meilleur chef d’orchestre de ce temps, en France, est certainement M. Charles Lamoureux ; en Angleterre, M. Michael Costa est considéré en ce genre comme un artiste de premier ordre ; il en est de même en Allemagne de M. Lévy, qui a dirigé l’exécution des dernières œuvres de M. Wagner ; en Autriche, de M. Hans Richter, chef d’orchestre de l’Opéra impérial de Vienne ; en Italie, de M. Franco Faccio, chef d’orchestre de la Scala, de Milan ; en Belgique, de M. Dupont, chef d’orchestre du théâtre de la Monnaie, de Bruxelles.
Les Italiens appellent le chef d’orchestre maestro concertatore ; les Allemands cappellmeister, « maître de chapelle ».
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885

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