Carnation
Terme d’art plastique
Imitation de la chair représentée par le coloris ; s’emploie d’une manière générale pour exprimer l’ensemble des parties de la chair que présente un tableau. On ne dirait pas la carnation d’un bras, d’une jambe, ou de toute autre partie de la figure ; mais on dit d’un tableau que les carnations en sont belles ; et d’un peintre, qu’il sait faire de belles carnations. La carnation, l’imitation de la couleur de la chair modifiée par les reflets propres à la contexture de la peau et par le mouvement de circulation qui l’agite incessamment plus ou moins, est, concurremment avec le dessin des formes, l’objet essentiel de la peinture. La carnation, ainsi que les contours de la figure humaine, varie à l’infini par des transitions et des nuances d’une délicatesse qui ne se retrouve nulle part ailleurs ; elle varie, non seulement d’un individu à l’autre, selon l’âge, le sexe, le tempérament, le climat ; mais dans chaque individu, selon l’état accidentel de la santé, selon l’action qui le met en mouvement, ou les passions qui l’agitent, etc. C’est l’art de saisir et de rendre avec vérité l’effet résultant de ce concours de circonstances qui constitue le peintre coloriste. Comme le mot carnation comporte l’idée de la couleur, il n’a point son application dans le langage de la sculpture, qui a aussi cependant ses procédés et ses termes pour ce qui concerne l’imitation de la chair. (Voir Morbidesse)
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911
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