Brighella

L’un des personnages fameux de l’ancienne comédie italienne, et dont le caractère ne manque pas de rapports avec celui d’Arlequin, bien qu’il soit beaucoup plus vicieux, ni avec celui du Capitan, bien qu’il soit vindicatif et cruel. Tel était au moins le type primitif, qui, comme tous ces masques charmants de la commedia dell’arte, se modifiait selon la nature et el talent de chacun des artistes qui étaient successivement appelés à la personnifier. Brighella paraissait souvent avec Arlequin, et dans un canevas italien moderne on trouve le récit suivant d’une scène à laquelle il prenait part : De jeunes seigneurs vénitiens sont dans une villa au bord de la Brenta. Pour se divertir et chasser les idées tristes que leur pourrait causer la mort de leur sommelier Meneghino, ils imaginent de se moquer de trois poltrons qui sont à leur service : Pantalon, Arlequin et Brighella. On fait semblant de se fier à la bravoure fanfaronne de Pantalon, et on le prie de passer la nuit à garder le corps du défunt. Pantalon y consent à contre-cœur ; mais c’est Arlequin que l’on a couché sur le lit mortuaire au lieu de Meneghino. On l’a couvert du linceul et tout barbouillé de blanc. Arlequin n’est guère plus rassuré que celui qui le garde. Il caint que cette farce ne lui porte malheur ; cependant il s’égaye au dépend de son camarade, fait le saut de la carpe sur son lit et pousse de gros soupirs. Mais bientôt il cesse de rire et ne songe plus qu’à imiter Pantalon, qui se cache, car Brighella arrive costumé en diable et les poursuit avec une torche. Mais Brighella, qui croyait n’avoir affaire qu’à Pantalon, et qui ne s’attendait pas à voir Arlequin à la place du mort, encore moins ce mort courir effaré par la chambre pour lui échapper, tombe à la renverse, et tous trois se roulent par terre en proie à une terreur indicible, lorsque enfin l’arrivée de leurs maîtres, qui se moquent d’eux, les ramène à la raison après une longue suite de lazzi que le public accueille toujours par des rires frénétiques.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885

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