Bresson Robert
Un des plus grands cinéastes français, avec Jacques Becker, entre 1940 et 1960. Classique et puriste à l’extrême (Sadoul le qualifie de "janséniste du cinéma français", il a réalisé, avec Les Dames du Bois de Boulogne (1945) et Pickpocket (1959), deux chefs-d’oeuvre rares, qui ont la pureté des tragédies de Racine. Tournant le dos aux procédés du néoréalisme, mais atteignant, par la rigueur et le dépouillement de son style, une réalité plus palpitante encore, Bresson - qui n’a jamais fait une seule concession au cinéma commercial - est l’illustration vivante de ce principe qu’il énonça lui-même : "Le cinéma n’est pas un spectacle, c’est une écriture." Nous ne sommes pas d’accord avec Sadoul, lorsque celui-ci écrit qu’Un condamné à mort s’est échappé est un film qui chante l’héroisme de la Résistance française, ni avec André Bazin, qui compare Bresson à Dreyer ("le visage…trace visible de l’âme) :
- 1. Bresson se meut avec une aisance infinie dans les univers clos ; la forteresse d’où s’échappe le condamné à mort pour faits de résistance symbolise cet univers à la perfection, et c’est bien plus la lutte de l’homme seul qui est le sujet du film que l’évocation des drames de la France occupée, drames auxquels il a été sensible, certes, mais qui ne semblent pas être son propos ;
- 2. le rapprochement fait par Bazin entre Bresson et Dreyer est une mauvaise interprétation : les visages en gros plan, chez Dreyer, veulent être expressifs (de la concupiscence, de la haine partisane, de l’innocence, et.), donc dramatiques ; ceux de Bresson sont, à dessein, inexpressifs- même s’ils ont, par hasard, une certaine intensité, car, comme l’a écrit lui-même le cinéaste : "… le cinéma doit s’exprimer non par des images, mais par des rapports d’images" ’cité par Sadoul).
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