Blau (Viateur-Théophile)

Docteur en médecine de la Faculté de Paris, médecin en chef de l’Hôtel-Dieu de Blois, médecin du collège de cette ville, de la gendarmerie, de l’école normale, membre du Conseil municipal, président d’une société chorale qu’il contribua à fonder, Blau, né à Blois, faubourg de Vienne, le 18 novembre 1798, est mort dans cette ville le 17 avril 1862. Son fils, M. Edouard Blau, est bien connu dans le monde dramatique, et est un des auteurs de la Coupe du roi Theulé. Nous avons sous les yeux un recueil de poésie de Viateur Blau : Heures de loisir, par un membre de l’Orphéon. Blois, 1861 (2e édit) ; in-8° de 94 pages.
C’est aimable d’un bout à l’autre, une douce philosophie y règne ; le poète a chanté lorsqu’il était déjà vieux : l’âge a répandu dans ses vers je ne sais quel mélange de mélancolie, de bonhomie, de sérénité d’âme et de gaîté.
On y voit tour à tours :

Figurer le plaisir, le vin et es amours.

Nous signalerons dans ce petit écrin : le Lorgnon perdu, dont voici les derniers vers :

Du Ciel pour nous la bonté se révèle
A chaque pas par ses dons précieux :
La femme naît, comme la fleur nouvelle,
Pour nos plaisirs, et surtout pour nos yeux.
Tous les objets créés pour nous séduire,
Gentil corsage et petit pied mignon,
Pourront passer sans que je les admire :
Ah ! plaignez-moi ! j’ai perdu mon lorgnon.

Mes vingts écus d’économie, gracieuse pièce de sept strophes :

Aujourd’hui, la raison plus forte
Dans le vrai chemin me conduit :
Un malheureux est à ma porte
Qui souffre en secret et languit.
De mes vingt écus, je l’espère,
Le meilleur emploi le voilà :
Courons soulager sa misère ;
J’aurais dû commencer par là.

Enfin, une boutade intitulée : les Règles de l’hydrothérapie, par un échaudé ; véritable petit tour de force en 90 vers, se terminant tous par la même rime :

Dès le matin, au jour levant,
On sonne à votre appartement ;
C’est votre doucheur vigilant
Qui vous aborde en souriant,
Et d’un drap mouillé fraîchement
Vous couvre le corps promptement ;
Puis vous frictionne rudement
Sans trop vous écorcher pourtant.

Voilà quel est le dénouement :
Après deux mois de traitement,
D’ennuis d’angoisse et de tourment,
Quinze cents francs payés comptant,
On s’en retourne constamment
Plus malade qu’auparavant.

Cette boutade a été publiée par l’Union médicale année 1860, n°98.

Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874

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