Blancheton (André-Antoine)
Né à Vertaizon, petit village sur les bords de l’Allier, département du Puy-de-Dôme, le 3 août 1784, Blancheton fit ses études à Clermont sous le chirurgien Bonnet, acquit le grade de docteur à Paris, en 1808, et faisait, l’année suivante, la campagne d’Autriche en qualité de médecin de 1re classe, puis celle de Portugal, aux côtés de Massénat, son ami.
Revenu à Paris, il était nommé médecin adjoint pour le traitement des maladies épidémiques, médecin consultant de Charles X. Il mourut, aveugle depuis plusieurs années, le 13 août 1830.
Une tendre sensibilité règne dans ses compositions ; la plus douce mélancolie se peint dans tous ses vers, interprètes de la vertu se résignant à l’infortune et cherchant des consolations dans les arts. Blancheton excellait surtout dans le genre didactique et descriptif. Tantôt c’est à sa patrie qu’il s’adresse, et c’est le berceau de son enfance qu’il croit apercevoir dans la profonde nuit dont il est entouré :
O Limagne enchantée ! Auvergne, ô ma patrie !
J’espérais te revoir au déclin de ma vie,
Mais le flambeau du jour se dérobe à mes yeux ;
Que peuvent mes regrets et d’inutiles vœux !
Peut-être pour jamais j’ai perdu la lumière,
Pour jamais elle a fui mon humide paupière !
Cependant, quelquefois, dans la profonde nuit,
L’Auvergne m’apparaît, son image me suit.
Oui, je la reconnais cette plaine fertile,
Où je devais un jour me choisir un asile ;
Je vois ces monts d’or, et ces muets volcans
Qui jadis vomissaient la lave en flots brulans ;
Je foule aux pieds ta cendre, effroyable cratère
Dont la tonnante voix épouvanta la terre ;
J’erre encore sur tes flancs, Puy-de-Dôme orgueilleux,
Dont le hardi sommet ose braver les cieux…
Tantôt, il se sent inspiré par l’amour de la patrie, et rend hommage à ceux qui l’ont illustrée et ont répandu leur sang pour elle :
Trois fois la vieille Europe, honorant nos drapeaux,
Les aura vus flotter, vainqueurs et sans rivaux.
Qui vous rendit si grands et si dignes d’envie ?
Français, vous le savez : l’amour de la patrie !
Seul il fait les héros, il enfante l’honneur ;
C’est le feu qui décore et consume un grand cœur.
Il embrasa le vôtre, ô fils de nos montagnes,
Dumat, d’Estaings, Desaix, noble et grand L’Hôpital,
Delille, Dubelloy, Thomas, profond Pascal.
Illustres dans les camps, ou fameux dans l’Ecole,
Soyez de mon pays l’éclatante auréole !
La gloire et le génie ont signalé vos pas
Et brillent sur vos fronts au-delà du trépas !
Voy. : Souvenirs d’un aveugle, par A. Blancheton.
L’illusion et la Patrie. Paris, 1827 ; in-8° de 24 pages.
L’illusion compte 158 vers ; la Patrie en a 123.
Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874
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