Bimet (Claude)
Chirurgien juré de la ville de Lyon, et qui florissait dans le dernier quart du dix-septième siècle. Ce brave disciple de St-Côme a eu l’idée singulière de mettre en quatrains les descriptions des os et des muscles du corps humain, et de faire la même chose sur la circulation du sang. Son livre porte ce titre :
Quatrains anatomiques des os et des muscles du corps humain, ensemble un discours sur la circulation du sang ; Lyon, 1664, in-8°, avec cette épigraphe : Virtus sibimet pulcherrima merces.
Bimet a le soin, du reste, de dire comment cette idée lui a passé par la tête ; nous lui laissons la parole : « La nécessité de ce petit ouvrage est due absolument au hasard, et plutôt à une espèce de divertissement qu’à un dessein sérieux. J’étais dans mon cabinet appliqué à la lecture des excellents maîtres de l’anatomie, et peut-être dans ces jours où l’étude laisse à l’esprit toute sa liberté et bonne humeur ; en cet état les rimes me vinrent en la pensée ; je fis des vers sur les matières que je lisais, et je me trouvais poète presque avant que je le susse ; je pris plaisir à cette nouveauté, et dans ce sentiment je poursuivis ce que j’avais commencé ; je m’attachais au sujet qui était présent, et je mis en quatrains les traités des os et des muscles, auxquels j’ai ajouté ensuite celui de la circulation du sang. En faisant tout cela, je ne songeai jamais moins au public ; mais j’ai cru ensuite que les apprentis en chirurgie, peut-être, les obligeant de lire quelque profit, la curiosité, peut-être, les obligeant de lire en vers ce qu’ils n’étudient guère par leur négligence. Au reste, comme je suis plus chirurgien que poète, j’ai eu plus de soin du sujet que de la composition, et des matières que des rimes ; je me suis attaché particulièrement à l’édifice, et j’ai assez négligé les embellissements ; mais si après tout, les critiques ne s’en contentent pas, je ne m’en soucie guères ; comme je n’ai pas prétendu que l’effet de mon divertissement me procura des éloges, je ne me suis pas fort précautionné pour me mettre à l’abri des censures, qui ne m’empêcheront point de donner encore au public tous les autres Traités de l’Anatomie en vers, si je remarque qu’il en tire quelque profit. »
Et voilà comment notre Chirurgien philosophe a rimé 320 quatrains pour l’ostéologie, 51 pour la myologie, et 77 pour la circulation du sang.
Au reste, honneur à lui ! Il a défendu l’immortelle théorie d’Harvey, à une époque où le médecin anglais était le but d’attaques aussi farouches qu’insensées ; et c’est avec bonheur qu’on entend Bimet s’écrier :
Le respect que l’on doit à la vieille routine
Peut-être empêchera ce glorieux dessein ;
Mais sache qu’un esprit sage, pur, net et sain,
La vérité chérit et vers elle s’incline.
Rien n’est plus ancien que la vérité même.
Et tout homme d’honneur doit suivre son party,
J’aime beaucoup Platon, mais, lorsqu’il a menty
J’ayme la vérité plus que je ne l’ayme
Ce sont les deux meilleurs quatrains de Bimet ; les autres, lorsqu’il s’agit de descriptions, sont absurdes.
Les deux mâchoires font ce qu’on nomme la face,
Dont celle de dessous se meut apparemment,
Et celle de dessus n’a point de mouvement ;
Autrement, nous ferions toujours quelque grimace.
Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants.
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874
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