Basse
Voix basse et instrument de musique le plus grave d'une famille
Nom féminin.
- La plus grave de toutes les parties entre lesquelles se divise la voix humaine. Elle ne se trouve que chez les hommes qui ont passé l’âge de puberté et se fortifie de plus en plus jusqu’à l’âge viril.
- Le musicien lui-même qui possède de cette sorte de voix.
- C’est aussi la plus grave de toutes les parties instrumentales dans une partition ; elle est remplie par le violoncelle et par son octave au-dessous que l’on appelle contre-basse (voir ce mot.)
Celle des quatre parties de la musique qui est au-dessous des autres, la plus basse de toutes ; d’où lui vient le nom de basse. (Voyez Partition.)
La basse est la plus importante des parties, c’est sur elle que s’établit le corps de l’harmonie ; aussi est-ce une maxime chez les musiciens que quand la basse est bonne, rarement l’harmonie est mauvaise.
Il y a plusieurs sortes de basses. Basse fondamentale, dont nous ferons un article ci-après.
Dictionnaire de musique, J.-J Rousseau, 1767
Celle des quatre parties de la musique qui est au-dessous des autres, la plus basse de toutes, d’où lui vient le nom de basse. La basse est la plus importante des parties. C’est sur elle que s’établit le corps de l’harmonie. Il y a plusieurs sortes de basses.
La basse fondamentale est celle qui n’est formée que de sons fondamentaux de l’harmonie, de sorte qu’au-dessous de chaque accord elle fait entendre le vrai son fondamental, qui est le plus grave, l’accord est divisé par tierces.
Basse continue, ainsi appelée parce qu’elle dure pendant toute la pièce.
Basse contrainte, dont le sujet ou le chant, borné à un petit nombre de mesures, recommence sans cesse, tandis que les parties supérieures poursuivent leur chant et leur harmonie en les variant.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872
Abréviation de contrebasse.
C’est la voix d’homme la plus grave. Elle donne son nom à deux emplois du répertoire lyrique, ceux de première basse, qu’on appelle aussi basse chantante, et seconde basse, que l’on qualifie aussi de basse comique. Dans le premier de ces deux emplois on distingue encore certains rôles dits de basse profonde parce qu’il ont été écrits pour des voix exceptionnellement graves, comme l’était, par exemple, celle de Levasseur. Dans le Barbier de Séville, Basile est une première basse et Bartholo une seconde basse. Dans l’emploi de première basse doivent être compris les rôles de Bertram dans Robert le Diable, de Balthazar dans la Favorite, du cardinal dans la Juive, de Marcel dans les Huguenots, de Leporello dans Don Juan, d’Olifour dans le Dieu et la Bayadère, de don Belflor dans Toreador, de Falstaff dans le Songe d’une nuit d’été, etc. Dans le répertoire de l’Opéra-Comique, on désignait autrefois sous le nom de basses-tablier certains rôles de basse comique parmi lesquels figurent surtout ceux qui furent créés par Solié, tels qu’Érasistrate dans Stratonice, le seigneur dans la Fausse Paysanne et Dalibour dans Euphrosine et Coradin.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885
BASSE,instrument. (Voy. VIOLONCELLE.)
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872
Nom féminin
1. La plus grave et la plus étendue des voix d’hommes. Les variétés qu’elle présente ont été classées sous divers noms :
la Basse profonde, autrefois nommée Basse-contre, située du ré ou du mi au-dessous de la portée, en clef de fa, au sol ou au si, une douzième plus haut ; Levasseur, pour qui Meyerbeer écrivit les rôles de Bertram, dans le Robert le Diable (1831), et de Marcel, dans Les Huguenots (1836), descendait au mi bémol au-dessous des lignes et montait au fa dièse au-dessus. Un air de Haendel, chanté par Boschi dans Acis et Galatée (1708), dépasse encore cette étendu :
On trouve en Russie des chanteurs dont la voix descendant au contre-fa, donne aux chœurs religieux et populaires une puissance et un coloris singuliers.
La Basse chantante, dite autrefois Basse-taille, est confondue souvent avec le baryton, qu’elle dépasse au moins d’une tierce au grave ; moins puissante, mais plus souple que la Basse profonde, elle en diffère plus parle caractère que par l’ambitus. Il n’est pas d’opéra qui ne contienne pour l’une ou l’autre variété de la voix de Basse un ou plusieurs rôles de première importance. Par une tradition qui s’est formée au XVIe siècle, on lui confie, en France, l’exécution du plain-chant.
2. Instrument le plus grave d’une famille, à cordes ou à vent. La nomenclature instrumentale comprenait, avant le XIXe siècle, la Basse de cromorne, la Basse de hautbois, la Basse de viole, la Basse de violon etc. Cette dernière, qui s’est maintenue longtemps sous le seul nom de Basse était un violoncelle de grand patron, mesurant, d’après un spécimen d’Amati, 0 m 80 de longueur de caisse, tandis que les violoncelles du même luthier et de Stradivari mesurent de 0 m 73 à O m 76. Les noms de Basse de viole et Basse de violon sont quelquefois donnés à des jeux d’orgue, imitant le timbre de ces instruments.
3. Partie la plus grave d’une composition harmonique. On désigne cette partie par le nom de Basse, quel que soit l’agent sonore qui en est chargé ; écrire la Basse sous un chant donné, ou écrire un chant ou plusieurs parties sur une Basse donnée sont les exercices pratiques dans l’étude de l’harmonie ; « jouer la Basse » dans un morceau noté pour le piano à quatre mains signifie exécuter les parties de l’harmonie qui occupent les octaves graves du clavier ; on dit communément les Basse pour désigner les cordes ou les registres graves d’un instrument ; on qualifie de pleines les Basse d’une composition lorsque l’harmonie que forment les parties graves avec les parties supérieures donne à celles-ci un soutien solide est varié.
4. La Basse d’Alberti est une forme d’exécution de la Basse instrumentale en accords brisés qui se répandit par l’influence du chanteur et compositeur Domenico Alberti (mort en 1740) et devint à la mode parmi les amateurs, pour sa facilité. Elle se présente fréquemment dans les œuvres de clavecin et de piano de l’époque classique. Mozart en a fait un grand usage.
5. Basse chiffrée. Notation abrégée des parties d’accompagnement, dans laquelle la partie de Basse est surmontée de chiffres indiquant les accords qu’elle doit porter et qu’il appartient à l’exécutant de réaliser (Voyez Accompagnement, Chiffrage, Réalisation).
6. Basse continue, souvent appelée aux XVIIe et XVIIIe siècle, par abréviation continuo, partie d’une composition destinée à l’accompagnement. On la notait d’une façon sommaire, chiffrée ou non, que l’exécutant développait. Indispensable dans la musique de chambre, elle était d’usage dans l’orchestre, où le musicien chargé de la direction l’interprétait au clavecin.
7. Basse contrainte, dite en italien basso ostinato, dessin ou motif d’accompagnement formé de quelques notes et uniformément répété pendant tout ou presque tout un morceau. On en reconnaît l’origine dans quelques pièces du XIIIe et du XIVe siècle, dont les parties s’échafaudent sur un pes de 2 ou 3 notes ; il existe des fragments de messes de Dufay (mort en 1474) et de J. Cousin (XV° siècle), construits sur des modes de Basse de 4 ou 5 notes in modo tub ae. Au XVIIe siècle, les musiciens anglais nomment ce procédé ground bass et l’appliquent à l’exécution de variations écrites ou improvisées. En ce genre le Purcell’s ground, le Farinel’s ground devinrent classiques. Buxtehude (mort le 1707) composa sa belle Passacaille pour orgue sur un thème répété 28 fois à la basse. Le même procédé était de règle pour la Chacone, que Brossard, en 1703, définissait « un chant composé sur une Basse obligée de quatre mesures, qui se répète autant de fois que la chacone a de couplets ou de variations, c’est-à-dire de chants différents composés sur les notes de cette Basse. ».
Sous une forme assouplie, la Basse contrainte fut appelée à servir l’expression dramatique. Lulli déroule pendant 28 mesures, dans Roland (1635), un dessin de Basse contrainte sous un récitatif mesuré.
Gluck, dans Armide (1777), marque par la persistance d’une Basse implacable le désir obstiné de vengeance qui inspire l’invocation d’Armide aux dieux infernaux.
Les exemples de Basse contrainte ne sont pas rares chez les modernes. Le trio du menuet, dans la Suite de V. d’Indy, op. 24 (1886), est tout entier développé sur un dessin de 4 notes à la Basse et l’on peur rattacher au même procédé le thème de 4 notes des cloches du Graal, dans Parsifal, de Wagner (1882).
8. Basse fondamentale. Principe théorique proposé par Rameau dans son Traité de l’Harmonie (1722) et développé dans ses écrits postérieurs, pour l’étude des accords. Il est tiré de la résonance du corps sonore, telle que la connaissait Rameau, et consiste à regarder chaque accord comme produit des harmoniques d’un son fondamental, réel ou sous-entendu. L’identité des diverses positions de l’accord en découle, et le même son demeure la « Basse fondamentale » d’un accord à l’état de renversement et dans lequel il ne joue pas forcément le rôle de Basse, c’est-à-dire de partie grave.
Aussi Rameau ne donnait-il, en fin de compte, la Basse fondamentale que comme « un moyen de vérification de la régulation de l’harmonie » d’un emploi limité aux accords les plus simples, et ne constituant pas, dans la composition harmonique, une Basse véritable.
Dictionnaire de musique Michel Brenet, 1936
Basse
Voix d’homme dont le registre naturel est grave, et qui, dans la musique vocale, remplit les fonctions de basse (Voyez le sens de ce mot dans l’article précédent). Son étendue ordinaire est à peu près renfermée entre les deux notes suivantes :
Mais cette étendue est plus ou moins dépassée, soit au grave, soit à l’aigu, par un assez bon nombre de voix de basse ; toutefois il est essentiel de faire observer que plus les notes sont graves, moins elles ont d’éclat et de vigueur ; et que plus elles s’approchent des limites supérieures, plus leur timbre devient dur et leur émission pénible. Les cordes les plus chantantes de la plupart des basses sont ordinairement renfermées dans l’octave
ou bien
c’est dans ces cordes qu’on maintient le plus fréquemment la voix de basse, parce qu’elles ont le plus de sonorité et d’énergie, et sont en même temps susceptibles d’être le plus aisément nuancées ; dans un ensemble choral qui exige de la vigueur et de l’éclat, cette limite ne doit pas être dépassée, au grave, par la partie de basse, sous peine de rendre terne et insuffisant l’effet de cette partie ; même dans un rôle écrit spécialement pour une voix de basse, ces sons graves ne peuvent être abordés que lorsque l’orchestre est peu chargé, autrement leur effet serait impuissant en ce qu’ils ne pourraient pas dominer l’accompagnement.
Les qualités de la voix de basse, aussi bien que celles de tous les autres genres de voix, varient nécessairement beaucoup selon les individus ; toutefois ce qui la caractérise le plus généralement, c’est l’austérité, la force et l’ampleur : elle convient aux rôles de personnages sérieux, soit énergiques, soit calmes, soit revêtus d’un caractère sacerdotal. Lorsqu’elle est dégagée d’une certaine rudesse qui assez souvent est inhérente à ce genre de voix, elle se prête admirablement à l’expression des sentiments paternels. Enfin elle peut aussi aborder un genre de comique qu’on appelle, en Italie, le genre bouffe. On comprend que les rôles jeunes ne sont guère de son ressort.
Quelles que soient les qualités particulières que possède une voix de basse, le compositeur doit lui destiner principalement des mélodies larges, en évitant les vocalises qui exigent de l’agilité et qu’on ne peut confier, tout au plus, qu’aux basses chantantes (Voyez ce mot).
Dans les rôles bouffes, seulement, on fait souvent débiter à la basse des passages qui consistent en une certaine rapidité syllabique : la volubilité qu’exigent ces sortes de passages, contrastant avec la gravité naturelle à ce genre de voix, produit toujours un effet comique.
En résumé, une voix de basse n’a de valeur que lorsque son timbre est sonore et viril ; aussi la renferme-t-on toujours dans le registre de poitrine. Quant à la voix de tête, elle est tellement défectueuse et faible chez la plupart des basses, ou du moins elle fait une telle disparate avec la voix de poitrine, qu’il est pour ainsi dire impossible de l’employer, la difficulté de lier entre eux ces deux registres étant à peu près insurmontable.
Dictionnaire de l'Académie des Beaux-Arts. Tome II
Paris, Typographie de Firmin Dido Frères, Fils et Cie, 1868
Basse
Dans le langage usuel, on donne souvent ce nom au violoncelle. Autrefois on appelait basse un instrument à cordes et à archet, d’une dimension plus grande que le violoncelle et moindre que la contrebasse : cet instrument a complétement disparu aujourd’hui.
On trouve assez fréquemment le mot basse (ou basses) écrit en tête de la partie inférieure d’une partition d’orchestre ; en ce cas il désigne à la fois le violoncelle et la contrebasse unis.
Dictionnaire de l'Académie des Beaux-Arts. Tome II
Paris, Typographie de Firmin Dido Frères, Fils et Cie, 1868