Barde
Poètes chanteur chez les Celtes et Gaulois
Nom masculin.
Les bardes étaient chez les anciens Gaulois ou Celtes, des poètes-chanteurs nomades, qui allaient de château en château ou de province en province, comme les troubadours, pour exprimer par leurs chants chrétiens, guerriers ou amoureux, les sentiments de leur âme chevaleresque.
Dictionnaire de musique, Charles Soullier, 1880
Nom masculin Poète chanteur chez les Celtes. Le rôle des Barcarolles, en Bretagne et en Armorique, dans le moyen âge, côtoyait la religion et la politique. Des vestiges de leurs traditions se sont répercutés jusqu’au XIX° siècle, en Irlande et dans le pays de Galles. Leur influence musicale s’est bornée à la transmission de quelques airs populaires.
Dictionnaire de musique, Michel Brenet, 1926
Sorte d’hommes très singulier et très respectés jadis dans les Gaules, lesquels étaient à la fois prêtres, prophètes, poètes et musiciens.
Bochard fait dériver ce nom de parat, chanter, et Camden convient avec Festus que barde signifie un chanteur, en celtique bard.
Dictionnaire de musique, J.-J.Rousseau, 1767
Hommes très-respectés chez les Germains, les Gaulois, les Anglais et les Irlandais. Ils étaient à la fois poètes, musiciens et guerriers. Fingal et son fils Ossian sont regardés comme les plus fameux ; ils vivaient vers 260. Pergus, barde contemporain de Fingal et d’Ossian, fut aussi grand poète qu’eux. C’est surtout dans les combats que son génie brillait de tout son éclat, et qu’il exerçait son empire. A la bataille de Fiatri, Ossian ayant engagé un combat singulier, commençait à plier, Fergus l’aperçut, et des hauteurs où il était placé, il lui adressa des chants qu’Ossian entendit, et qui lui rendirent le courage et la victoire.
Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872
Bardes
A la fois musiciens et poètes chez les nations de race gaélique et kimrique, et qui se sont maintenus chez elles à l’état de corporation importante et privilégiée, depuis les temps les plus reculés jusqu’au dix-septième siècle (Le nom de Barde est encore appelé par les chanteurs populaires de la Basse Bretagne et du pays de Galles).
Les bardes, tels qu’ils existaient en Gaule et en Bretagne plusieurs siècles avant la conquête romaine, tenaient après les Druides et les Ovates le troisième rang dans la hiérarchie sacerdotale (Strabon, I., IV, c. 4). Leur ministère était à la fois religieux et moral. Non seulement ils composaient les hymnes sacrés et les chantaient en s’accompagnant d’un instrument que Diodore de Sicile dit avoir été semblable à la lyre ; mais encore ils célébraient, comme les rhapsodes grecs, les hauts faits des héros et distribuaient à tous, au nom d’un principe supérieur qui les rendaient inviolables, l’éloge ou le blâme. Sur les champs de bataille ils enflammaient le courage des combattants ou, se jetant au milieu de la mêlée, ils apaisaient leur fureur et leur faisaient déposer les armes (Diodore de Sicile, I, V, c. 31 ). Enfin on leur attribuait le don de prophétie.
A une époque postérieure (moins de 200 ans avant Jésus-Christ), lorsque la noblesse gauloise se fut affranchie de la théocratie druidique, les bardes semblent s’être attachés aux chefs de tribus ou de confédérations et avoir vécu près d’eux en parasites (Posidonius dans Athénée, I., IV, c. 16). Cependant ils demeuraient les dépositaires des traditions nationales qu’il était absolument interdit d’écrire et, à ce titre, ils durent avoir sous l’empereur Claude leur part de persécution. Ammien-Marcellin, au milieu du quatrième siècle de notre ère, parle de la douceur de leurs chants (Ammien –Marcellin, I. XV, c. 9). Leur institution d’un caractère vraiment national persista au milieu de la décadence du druidisme, et survécut à sa chute. L’évangile rencontra en eux ou des auxiliaires enthousiastes ou des ennemis acharnés. Cependant leur profession continua à être en honneur dans les deux partis : Merlin, l’enchanteur païen, et saint Patric, l’apôtre de l’Irlande, sont tous deux décorés par la légende du titre de bardes (431 ans après Jésus-Christ). Après l’établissement du christianisme en Armorique, en Calédonie, en Irlande et dans le pays de Galles, les bardes continuent à former une puissante corporation. Au milieu de ces derniers débris de la grande famille des Gallo-Kimris, ils passent toujours pour unir à l’inspiration poétique l’art de la divination et celui des sortilèges. Célèbre dès le huitième siècle en Europe par le talent avec lequel ils jouaient de la harpe, les chants de leurs prédécesseurs restent confiés à leur mémoire, tandis qu’attachés de père en fils aux rois et aux chefs de clan, ils célèbrent leurs exploits et leur servent de hérauts d’armes. Mais c’est surtout sur le peuple que s’étend leur influence, sur ce peuple qui, comme l’a dit si justement Augustin Thierry, vivait de poésie. A la faveur de concours et de luttes de chant qui réunissaient la nation dans des fêtes solennelles, les bardes entretiennent le souvenir de la grandeur des ancêtres et excitent, par des appels incessants, l’amour de l’indépendance et la haine des conquérants étrangers.
Aussi, en Angleterre, leur patriotisme leur devient-il fatal. Edouard Ier, troisième successeur de Guillaume le Conquérant, cherche à les exterminer pour mieux s’assurer la conquête du pays de Galles (1283). « Que nuls ménestrels, bardes et rymours ni autres vagabonds Galeys, » disent ses ordonnances maintenues en vigueur par ses descendants, « ne soient désormés soeffrez de surcharger le pays come a été devant. » Plus tard la reine Elisabeth croit affermir le schisme en Irlande en les envoyant en grand nombre au gibet. Mais eux, fidèles aux traditions de leur race, continuent à lutter contre le parti dominant. Ils s’attachent enfin aux derniers Stuarts, combattent pour eux avec les armes et avec la harpe, et disparaissent avec les restes du parti Jacobite après la bataille de Boyne (1690)(Voyez Aug. Thierry, Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands, Conclusion).
Malgré l’intérêt si légitime qui s’attache au caractère poétique des bardes et à leur histoire, non seulement les artistes n’avaient jamais songé à les prendre pour sujet de leurs ouvrages, mais les productions de leur génie, rassemblées cependant à différentes époques, semblaient oubliées, lorsque vers 1762, peu de temps après les publications de la belle Ode de Th. Gray, intitulée le Barde, parurent les poèmes attribués à Ossian, barde écossais qu’on a supposé avoir vécu au troisième siècle. Ces chants, dont l’authenticité devait être si énergiquement contestée, excitèrent en Europe un immense enthousiasme. Grâce à la communauté d’origine qui unit les Gaulois, nos ancêtres, aux habitants de la Calédonie, et qui nous autorisent à nous assimiler leurs traditions religieuses et héroïques, ces poésies furent tout d’abord accueillies en France comme des poésies nationales. Le souffle héroïque qui les anime, les scènes qu’elles présentent tour à tour sanglantes et élégiaques, émurent profondément la société française pendant la révolution. Ossian obtint la faveur du Premier Consul ; il charma nos artistes, qui, passionnés pour l’antiquité classique, retrouvaient à cette nouvelle source d’inspiration quelque chose des accents d’Homère et de Tyrtée.
Conçus sous cette influence dont nous avons essayé de faire comprendre le caractère historique et surtout littéraire, plusieurs ouvrages remarquables et d’ordre différent parurent presque à la fois. L’opéra de Bardes, œuvre du compositeur Lesueur, fut représenté en 1804 et valut à son auteur un succès éclatant. Déjà en 1802 on avait admiré e tableau de Girodet-Trioson représentant Fingal et ses descendants recevant dans leur palais aérien les mânes des héros français : composition vraiment poétique, expression vraie des vagues croyances du temps où le peintre a condensé de la manière la plus ingénieuse tout le merveilleux d’Ossian en l’unissant avec art à la réalité contemporaine. Le vieux barde placé au milieu de la scène accueillie les nouveaux venus et relie ainsi les deux parties du sujet. Par la beauté de l’invention et de l’effet, l’ouvrage de Girodet était digne d’orner la résidence de la Malmaison pour laquelle il avait été commandé (Ce tableau a été reproduit dans son ensemble par la lithographie de Garnier, et dans ses détails par celles d’Aubry-Lecomte.).
Quelques années après, Gérard représenta Ossian seul, aveugle et chantant les temps passés : les héros de sa famille l’entourent. Ce tableau empreint d’une profonde mélancolie fut exécuté en 1810 pour Bernadotte devenu prince royal de Suède : Isabey l’a reproduit dans un dessin qui sert de frontispice à un exemplaire d’Ossian qui a appartenu à Napoléon Ier, et que l’on peut voir au musée des Souverains (il a été gravé par Godefroy). Enfin M. Ingres a peint à Rome vers 1812, et dans un style encore plus pénétré de la poésie du nord, le songe d’Ossian. C’était un plafond destiné au palais de Monte-Cavallo ; il est gravé dans son œuvre.
Le costume attribué aux bardes dans ces différentes peintures se compose d’une tunique dépassant le genou, de braies ou pantalons, d’une grande chlamyde ou d’un manteau bordés de festons ou de franges ; la barbe et les cheveux sont flottants. Ossian, de même que les autres personnages qui chantent, s’accompagne avec une harpe triangulaire tout à fait semblable à celle qui figure sur le blason de l’Irlande : des dogues veillent à ses pieds.
Ces ajustements sont ceux que les artistes anciens ont généralement donnés aux barbares. Peut-être ne sont-ils pas absolument conformes à la vérité historique ; mais ils ont la vraisemblance qui résulte de la tradition de l’art.
Dictionnaire de l'Académie des Beaux-Arts. Tome II
Paris, Typographie de Firmin Dido Frères, Fils et Cie, 1868
Encyclopédie Arts et Médecine
Rédacteur Docteur A. Arcier président fondateur de Médecine des arts®
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