Baraduc (Hippolyte-André-Ponthon)
Docteur en médecine (1842) ; ancien interne des hôpitaux, ancien membre de la Société anatomique. Né à Clermont (Puy-de-Dôme), le 3 mars 1814, M. Baraduc, qui exerce avec distinction à Paris, est un petit homme à la figure douce et bienveillante. Il est la providence des de son quartier, et l’on est presque toujours certain de rencontrer dans son cabinet, à ses heures de consultation, des Sœurs de charité qui viennent l’entretenir de leurs protégés. Lorsque nous avons eu l’honneur de voir M. le Docteur Baraduc, il était précisément en train de feuilleter un gros paquet de poésies, les unes imprimées, d’autres manuscrites, fruits délicats d’un esprit porté à la contemplation d’un Dieu toujours bon, toujours juste, et parfaitement convaincu de l’existence d’une âme immortelle, qui ne quitte notre triste corps que pour s’élancer dans les voies éthérées. Nous avons pu jeter un coup d’œil rapide sur ces poésies, qui seront bientôt réunies en volume pourra y savourer tout à son aise, exprimés sous forme rimée, les quatre âges de la vie, non pas physiologiquement ni médicalement, mais moralement et sentimentalement. L’enfance y montrera ses ris et ses jeux, ses petits chagrins, ses joies bruyantes ; la jeunesse chantera ses amours, ses passions, sa fougue et son ardeur ; l’âge mûr, le bonheur ineffable de l’époux et du père ; la vieillesse se consolera de ses misères, en savourant avec délices et avec regrets les souvenirs du passé.
Le talent de M. Baraduc tient de l’extase et de la contemplation. C’est ainsi qu’après avoir chanté les merveilles d’une ascension aérostatique, pendant laquelle :
L’œil, ébloui, parcourt les cieux, la terre et l’onde,
Tout fuit, et sous les pieds la plaine paraît ronde.
le poète, en redescendant sur la terre, salue d’un dernier la voûte céleste :
Adieu ! beau firmament, nuages pleins de feu,
Bois, monts, cités, palais, et vous, air pur, adieu !
Adieu ! champs du soleil, adieu ! pays céleste !...
De la terre déjà l’influence funeste
Se fait sentir à nous et vient nous mordre au cœur !...
Là-haut, nous étions grands… de toute la hauteur
Qui nous montrait petits les objets de ce monde !
A peine descendus… sur la surface ronde,
Tout corps, imperceptible à nous du haut des cieux, Grandit et reparaît gigantesque à nos yeux !
Nous grandissons aussi, notre âme est plus altière,
Et nous voulons en rois dominer la matière…
Aspirant au bonheur, sans le bien définir,
Nous fuyons le présent pour vivre en l’avenir !
Sans cesse nous prions, malheureux que nous sommes,
Le temps de transformer de frais enfants en hommes :
Ainsi, nous parcourons chaque jour un trajet
Qui voit naître et mourir quelque nouveau projet ;
Mais tout redevient beau, si nous avons dans l’âme
Ce rayon que Dieu mit dans un regard de femme !
Docteur Achille Chereau. Le Parnasse médical français
Dictionnaire des médecins poètes de la France : anciens ou modernes, morts ou vivants.
Adrien Delahaye, libraire-éditeur. 1874
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