Ballet ambulatoire
Le mot détermine la chose. Un baller ambulatoire est un mobile, un ballet marchant, dansé en plein air, aux sons d’une musique vigoureuse. CAstil-Blaze nous a donné d’un ballet de ce genre, exécuté à Lisbonne, une description qui n’est pas sans intérêt :
Les Portugais ont inventé le ballet ambulatoire. On donne ce nom à un spectacle de marches, de danses, de machines, exécuté successivement sur la mer, le rivage, es promenades, les places publiques. C’est une imitation de la pompe tyrrhénienne, décrite par Appian Alexandrin. La canonisation du cardinal Charles Borromée fut célébrée à Lisbonne par un ballet de ce genre.
Un vaisseau richement orné, flottant sous des voiles de diverses couleurs, des cordages de soie, des pavillons magnifiques, portait l’image du saint, sous un dais de brocart d’or. Il se présente dans la rade ; tous les vaisseaux du port, en superbe appareil, s’avancent à sa rencontre, et lui rendent les honneurs militaires ; on le ramène en grande pompe, au bruit de toute l’artillerie des forts. Les châsses des patrons du Portugal, portées par les grands de l’Etat, et suivies de tous les corps religieux, civils et militaires, reçurent le nouveau saint à son débarquement. La marche commença : quatre chars d’une grandeur extraordinaire étaient distribués sur la ligne immense de la procession. Le premier représentait le palais de la Renommée, le second la ville de Milan, le troisième le Portugal et le dernier l’Église. Autour de ces machines roulantes, des troupes de mimes et de danseurs exécutaient, au son des instruments, les actions les plus remarquables du saint, et ceux qui étaient sur le char de la Renommée marquaient par leurs attitudes qu’ils allaient prendre la volée, pour les apprendre à l’univers. Cette pompe passa du port dans la ville, sous plusieurs arcs de triomphe. Les rues étaient décorées de belles tapisseries, et jonchées de fleurs. Sur des théâtres et des échafauds dressés sur les places publiques, on voyait une foule d’acteurs dont les danses vives s’unissaient à la symphonie la plus brillante, pour exprimer l’allégresse publique. On étala des richesses immenses dans cette fête, et l’image du saint fut ornée de pierreries qui valaient plus d’un million.
Les grandes fêtes nationales de la Révolution française, dans lesquelles la Convention semblait vouloir renouveler les spectacles majestueux de l’ancienne Grèce, ont donné dans certains de leurs divertissements l’idée du ballet ambulatoire. Dans ce nombre il faut tout particulièrement citer la superbe « Fête à l’Etre suprême », qui fut célébrer le 20 prairial an II et dont le programme avait été tracé, dans le langage emphatique de l’époque, par le fameux peintre David.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885
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