Amoureux
Amant, maîtresse au théâtre
Amoureux, Amoureuse
Les amoureux sont un genre de rôles dont ce mot indique suffisamment la nature. Ils se divisent en deux catégories : les jeunes premiers (sous-entendu : amoureux), et les seconds amoureux, et il va sans dire que ceux-ci sont moins importants que ceux-là. Dans un grand nombre de pièces, on trouve à la fois un premier et un second amoureux ; par exemple, dans Tartufe, Valère est un premier amoureux, Damis dans un second ; dans le Menteur, Dorante est un premier amoureux, Alcippe un second ; dans les Jeux de l’amour et du hasard, Dorante est un premier amoureux, Mario un second.
Les premiers et les seconds amoureux forment donc deux emplois distincts, qui doivent avoir chacun un titulaire. Quelques rôles très peu importants rentrent dans un catégorie qu’on qualifie du nom de troisième amoureux ; mais dans les troupes peu nombreuses, ils reviennent à l’artiste qui joue les seconds amoureux.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885.
Rôle d’amant, de maîtresse. Les personnes nées sensibles devraient avoir seules le privilège de jouer les rôles d’amoureux ou d’amoureuse.
Dans un nouvel opéra, une actrice représentait une princesse éprise d’un feu violent pour un infidèle, et elle ne mettait pas dans son rôle la tendresse qu’il exigeait. Une de ses compagnes voulut lui faire jouer ce rôle avec succès. Elle lui donna plusieurs leçons ; mais les leçons ne produisirent pas l’effet désiré. Enfin un jour la maîtresse dit à l’écolière :
- « Ce que je vous demande est-il difficile ? Mettez-vous à la place de l’amante trahie. Si vous étiez abandonnée d’un homme que vous aimeriez tendrement, que feriez-vous ?
- Moi ? répondit l’actrice à qui ce discours s’adressait, je chercherais au plus tôt un autre amant.
- En ce cas, répliqua la maîtresse, nous perdons toutes deux nos peines. Je ne vous apprendrais jamais à jouer votre rôle comme il faut. »
La conséquence qu’elle tirait était juste. Son amie ne connaissait dans l’amour que l’intérêt ou la vanité, elle était incapable d’en exprimer les délicatesses. Les personnes qui aiment, ou qui ont du penchant à aimer, sont donc plus propres que les autres à jouer les rôles tendres. Pour peu qu’on soit instruit de l’histoire du théâtre, on sait que les scènes d’amour n’ont jamais été rendues si vivement que par des personnes sensibles. Les acteurs et les actrices qui ont à jouer des scènes d’amour et de tendresse ne devraient pas se détester, comme ils font quelquefois. La moindre tracasserie entre vous et la personne vis-à-vis de laquelle vous aurez à rendre quelque morceau de sentiment ou de passion, influera sur votre jeu, au point que le public s’apercevra de votre contrainte et de votre froideur, quelques efforts que vous fassiez pour paraître le contraire. Malheureusement il n’y a point d’état au monde où l’amour-propre et la jalousie dominent plus souverainement qu’au théâtre, ni qui fourmille de plus d’occasions de se haïr et de se détruire mutuellement. Puisque la disposition à la tendresse est une condition nécessaire pour jouer les rôles d’amant, il est évident qu’on ne doit pas se charger de ces rôles, si l’on n’est plus dans l’âge d’aimer. (Voir Age).
Encyclopédie de l'art dramatique / par C.-M.-Edmond Béquet - 1886
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