Allergie cutanée chez un violoniste et un luthier

Luthier et violoniste amateur, M. B. P est âgé de 69 ans et se consacre toujours à son métier et sa passion, la musique. Il présente dans ses antécédents un trouble à type de « maladie réactive des voies aériennes » (sensibilisation) et depuis 10 ans un mycosis fungoïde. Plus récemment, depuis 5 ans environ il présente un tableau dermatologique à type d’eczéma avec un érythème et éruption prurigineuse des paupières ainsi que de l’oreille gauche, des avant-bras et des mains.

Consultation

Ce luthier a présenté plus récemment une poussée inflammatoire cutanée, une dermatite qui l’ont amené à consulter. Malgré la prescription de corticoïdes et d’antihistaminiques, M. X n’a pas constaté d’amélioration de ses symptômes.

Curriculum laboris
Le patient a travaillé pendant 50 ans dans la restauration d’instruments à cordes anciens. Son travail consistait à faire diverses opérations sur la structure de l’instrument (travail sur le bois), ainsi que le travail de finition (vernissage et application de produits chimiques) et la réparation des archets. Il manipulait régulièrement du « vernis italien » et du vernis contenant de la colophane. De plus, il joue du violon dans son temps de loisirs.
L’interrogatoire minutieux permet de préciser que ce luthier/musicien ne prend pas de nouveaux traitements, ni de cosmétiques nouveaux, et qu’il n’est pas en contact avec des allergènes potentiels nouveaux. Ce violoniste avait des antécédents médicaux significatifs avec un trouble réactif des voies aériennes ainsi qu’un mycosis fungoïde en traitement depuis une dizaine d’années.
Il détaille le mode opératoire de son activité professionnelle et de loisirs. Il indique que lors du jeu de violon, le maintien de l’instrument se fait par l’intermédiaire et par contact de la partie latérale du cou et de la face et que lors de cette posture l’oreille gauche est en contact avec l’instrument.
Le patient est testé avec un panel d’allergènes variées (bois de rose, ébène, pernambouc, horse hair). Des réactions positives sont notées pour la colophane, l’acide abiétique, et la propolis. L’allergie au latex et à une variété de bois s’est avérée négative. Une interview plus ciblée a révélé une exposition professionnelle à la colophane et au « vernis italien ». L’investigation sur la composition des produits démontrait la présence de propolis dans le vernis Italien ; il ponçait les instruments de musique et il réappliquait le vernis sur le violon. L’évitement des allergènes responsables a été conseillé et le patient a été traité avec un corticoïde local et un antihistaminique. La dermatite a été résolue avec ce régime.

Discussion
L’allergie à la colophane est bien répertoriée dans la littérature médicale. Cependant, quelques cas d’allergie de contact à la propolis chez les musiciens et les luthiers ont été rapportés.
La colophane contient des produits d’oxydation d’acide abiétique et est présente dans des vernis, de la sciure de bois de pin, de cire etc. La propolis, nommée aussi « glue d’abeille », est produite par les abeilles à partir de leurs sécrétions et de substances récoltées résineuses, en général à partir d’essences végétales de conifères et de bourgeons de divers espèces d’arbres.

Propolis
La propolis est un complexe fabriqué par les abeilles à partir de leurs sécrétions et d’une série de substances résineuses, gommeuses et balsamiques. De consistance visqueuse, elle est recueillie par les abeilles sur certaines parties de végétaux. Les principales essences produisant de la propolis sont des conifères (écorce des pins, sapins, épicéas) et les bourgeons de plusieurs espèces d’aulnes, de saules, de bouleaux, de prunier, de frênes, de chênes et d’ormes, de peupliers (qui semblent être la source la plus importante) et du marronnier d’Inde.
Dans la ruche, la propolis a de multiples usages. C’est un mortier qui sert au colmatage des fissures ou interstices, à l’étanchéité (face à l’humidité et au développement des moisissures), au renforcement de rayons ou parties défectueuses de la ruche et à la protection de la colonie par la réduction de l’entrée de la ruche.
La propolis entre dans la composition de nombreux produits, des résines primaires, des baumes, des huiles aromatiques etc. On peut la retrouver également dans de nombreux produits médicaux et cosmétiques (antiseptiques, anti-inflammatoires, anesthésique local, astringent, spasmolytique, antioxydant). La propolis peut être trouvée dans le dentifrice, la préparation de collutoire, de crèmes faciales, d’huiles de corps, de chewing-gum, de vernis. Les études sur l’animal montrent que la propolis est un puissant allergène.
La propolis est une substance résineuse adhésive, collectée, transformée et utilisée par les abeilles pour obturer les trous de la ruche, unir les cloisons internes, protéger l’entrée contre les intrus et embaumer les insectes envahisseurs abattus.
Le terme provient du grec, pro : en avant, défense et polis : cité, ce qui signifie "défense de la ruche". Les abeilles à miel (Apis mellifera L.) collectent la résine à partir des fissures de l’écorce des arbres et des bourgeons des feuilles de certains arbres et la transforment en propolis.

Rédacteur Docteur Arcier André, Président fondateur de Médecine des arts®
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• Heather D. Lieberman, MD, Joshua P. Folgeman et al . Allergic contact dermatitis to propolis in a violin maker.  American Academy of dematology.

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