Méfiez-vous des méduses

Piqûre de méduse, les symptômes

Que ressent-on après une piqûre de méduse ?

Vous connaissez tous les méduses, ces délicieux animaux sans cerveau qui fréquentent les eaux marines. Les documentaires animaliers permettent d’en voir des images souvent magnifiques qui associent couleurs translucides et danse.
Certains d’entre vous ont probablement expérimenté les effets cuisants mais temporaires occasionnés par leur contact.
L’histoire qui va suivre mérite que l’on s’attarde un peu sur l’une d’entre elles, la plus fréquente en Méditerranée : Pelagia Noctiluca.

Pélagie, méduse fréquente de la Méditerranée à l’Atlantique

Cette méduse est présente pratiquement dans le mode entier et, chez nous, fréquente aussi bien la mer du Nord, la Manche, l’Atlantique que la Méditerranée.
Son corps mesure en moyenne une dizaine de centimètres de diamètre, parfois un peu plus ; elle est translucide, de couleur rose, brun ou bleu et porte huit tentacules (1m). Les Nematocystes (cellules contenant le venin toxique) sont portés par l’ombrelle et les tentacules.
La Pélagie vit en bancs de quelques centaines d’individus, parfois beaucoup plus lors des épisodes de pullulation. Les scientifiques qui l’étudient ont déterminé l’existence de cycles de prolifération qui surviennent à peu près tous les douze ans mais actuellement ces épisodes semblent se rapprocher et, en Méditerranée, le problème est presque permanent, mais sans explication certaine (raréfaction des thons prédateurs, réchauffement climatique ?).

Manifestations cliniques induites par une piqûre

Contact et manifestations induites : Comme les nématocystes sont présents sur les différentes parties de la Pélagie, tout contact peut induire les manifestations secondaires à la décharge du produit toxique. En général, ces manifestations se limitent à une sensation de brulure intense et immédiate, accompagnée de rougeurs cutanées, parfois de petites vésicules qui dessinent les zones de contact, souvent des trainées qui correspondent aux longs filaments.

Les douleurs peuvent persister plusieurs jours, voire une ou deux semaines. Parfois ces lésions cutanées sont importantes et prennent l’aspect d’une brûlure plus ou moins étendue. Chez les sujets présentant un terrain allergique sévère, il peut survenir des manifestations beaucoup plus importantes : urticaire généralisé, asthme, choc allergique. On peut parfois observer des malaises importants de nature cardio-vasculaire. Les manifestations allergiques ou cardiaques peuvent nécessiter l’hospitalisation.

Piqûre de méduses chez un musicien instrumentiste à vent

De façon très rare, peuvent survenir des signes évoquant une atteinte des nerfs superficiels, c’est l’histoire de Mme X., flutiste professionnelle.
 Mme X. se baigne dans la rade de Toulon le 22 juillet 2008, baignade durant laquelle elle est victime de piqûre de méduse sur l’avant-bras, à proximité du coude (importance de la localisation). L’évolution se fait en quelques jours vers un œdème important avec sensation de brûlure ; les lésions cutanées associent des rougeurs, de la desquamation et un aspect de brûlure superficielle de forme irrégulière.
Malgré le traitement (cortisone par voie générale et antalgiques), les douleurs ne régressent pas et les mois qui suivent voient se développer un tableau d’atteinte du nerf cubital avec névralgies majeures et gêne importante empêchant la pratique normale de la flûte.

Évolution clinique et conséquences professionnelles

Devant la persistance des signes et surtout de la gêne professionnelle importante, Mme X va consulter dans les mois qui suivent les spécialistes qui vont pratiquer divers examens, en particulier l’étude du fonctionnement des nerfs de l’avant-bras. Aucune anomalie majeure pouvant expliquer la symptomatologie n’est retrouvée et les traitements, en particulier antalgiques, sont peu efficaces.
Actuellement, soit plus d’un an et demi après l’accident, Mme X souffre toujours et n’a pas pu reprendre ses activités professionnelles.
Devant cette histoire pas banale, nous avons pratiqué une recherche bibliographique. Les études sur la biologie et la toxicité des méduses se trouvent assez facilement (1). Par contre, nous n’avons retrouvé qu’une seule publication (2), assez ancienne, relatant une histoire analogue à celle de Mme X suite à une piqûre de méduse dans le Pacifique : atteinte des trois nerfs commandant la main après piqûre au niveau du poignet ; paralysie complète de la main mettant environ un an pour disparaître.
Même si cette complication est rarissime, elle existe ; la conjonction avec la profession de musicienne professionnelle la rend plus pénible et nous ne pouvons que souhaiter une récupération progressive de ses capacités à Mme X.
L’augmentation généralisée des populations de Pelagia Noctiluca rendra plus fréquent ce type d’observation.

Dr François Ceugniet Pneumologue Médecin du sport
Médecine des arts est une marque déposée. Copyright médecine des arts©

Imprimer

Santé de l'instrumentiste à vent N°77

Tubiste, saxophonite...


Santé des Instrumentistes à vent N°71

Santé embouchure, dentition


Spécial santé des instrumentistes à vent N°61

Santé des instruments à anche


Revue spécial Instrumentiste à vent N°49

Santé du flûtiste, respiration


Revue Médecine des arts N°34

Santé des instrumentistes à vent


Spécial Instrumentiste à vent N°19

Santé clarinette et hautbois


Revue spéciale Instrumentiste à vent N°8

Santé de l'instrumentiste à vent