Amusie congénitale, des anomalies anatomiques
Chanter faux !
Les bases neuronales de l’amusie congénitale commencent à être mieux connues
2 à 4 % de la population générale a une amusie. Celle-ci peut se manifester de différentes manières, une difficulté à percevoir « une fausse note », chanter « faux », parfois même avoir une aversion à la musique. Pour I. Peretz (professeur de psychologie à l’université de Montréal), l’amusie congénitale est « l’échec à développer une compétence musicale normale alors que l’intelligence est normale et le langage aussi :
- ne savent pas s’ils chantent juste,
- échouent à reconnaître les chansons en l’absence des paroles
- ont des difficultés à apprendre la musique
- n’ont aucune autre difficulté d’apprentissage ».
L’amusie congénitale est un trouble permanent de la perception de la musique et de la production
On dit parfois que telle ou telle personne n’a pas l’oreille musicale, mais qu’en est-il vraiment ? Les recherches de ces dernières années montrent que l’amusie congénitale n’est pas due à un problème auditif ou psychologique.
Deux équipes de recherche françaises « se sont intéressées à l’encodage de l’information musicale et à la mémorisation à court terme des notes » [1]. Des travaux antérieurs avaient mis en évidence que les personnes amusiques présentent des difficultés particulières à percevoir la hauteur de notes (le caractère grave ou aigu), ainsi qu’à mémoriser des suites de notes.
Magnéto-encéphalographie et amusie
Des tâches musicales étaient effectuées par des amusiques congénitaux et des sujets témoins appariés. Une de ces tâches consistait à écouter des mélodies espacées par un silence de deux secondes, il leur était demandé de déterminer si les mélodies étaient identiques ou différentes entre elles.
Un enregistrement magnéto-encéphalographique été réalisé lors de l’exécution de ces tâches. « Lors de la perception et la mémorisation des notes, les personnes amusiques présentaient un traitement altéré du son dans deux régions cérébrales : le cortex auditif et le cortex frontal essentiellement dans l’hémisphère droit » [1]. Si l’on compare l’activité cérébrale des amusiques par rapport aux sujets sans amusie, « elle est retardée et diminuée dans les aires spécifiques au moment de l’encodage des notes musicales. Ces anomalies surviennent dès 100 millisecondes après le début d’une note ». [2]
Amusie, un excès de matière grise ?
Une étude complémentaire en VBM (Voxel Baed Morphometry) [3] a permis de confirmer ce que des observations anatomiques avaient mentionné. Les amusiques ont au niveau du cortex frontal inférieur, « un excès de matière grise accompagnée d’un déficit en matière blanche dont l’un des constituants essentiels est la myéline. » Des anomalies anatomiques ont également été constatées dans le cortex auditif. « Ces données renforcent l’hypothèse selon laquelle l’amusie serait due à un dysfonctionnement de la communication entre le cortex auditif et le cortex frontal » [2].
L’amusie serait liée à un traitement neuronal déficitaire dès les premières étapes du traitement d’un son dans le système nerveux auditif. Ceci pourra permettre de développer des stratégies de réhabilitation centrées sur ces premières étapes du traitement du son par le cerveau.
Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie
[1] Impaired pitch perception and memory in congenital amusia : The deficit starts in the auditory cortex. Albouy, P., Mattout, J., Bouet, R., Maby, E., Sanchez G., Aguera, P-E., Daligault, S., Delpuech, C., Bertrand, O., Caclin, A. & Tillmann, B., Brain. Volume 136, Issue 5. May 2013.
[2] Communiqué de Presse. CNRS. 25 avril 2013
[3] Méthode permettant une comparaison voxel à voxel de la concentration locale des tissus cérébraux (substance grise ou blanche) au sein d’une population. Elle permet aussi de mettre en évidence des corrélations entre l’anatomie et des variables démographiques et/ou cliniques (âge, sexe, symptômes, etc.)
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